Au tout début, l’EPR n’était pas cher. C’était l’époque des illusions. En 2004 par exemple, son coût était évalué à 28,4 /MWh. C’était le temps où il fallait raconter qu’il était nécessaire de relancer le nucléaire, mais que par ailleurs cette opération serait rentable : les prix « de marché » se situaient dans une fourchette comprise entre 32 et 35 €/MWh.
En 2005 vint l’époque du sérieux. Une commission du débat public fut organisée pour justifier la construction du premier EPR en France : le projet Flamanville 3. En cette époque lointaine, le nucléaire n’était toujours pas très cher : il valait 35 €/MWh (pour une série de dix tranches). Et qui ne douterait qu’il faille au moins dix tranches pour « renouveler » le parc actuel de 58 tranches (certes un peu moins grosses) ?
Cependant, les prix « de marché » ont littéralement explosé en 2005 (du fait en particulier de la mise en place du système de quotas de CO2). De 35 €/MWh en début de période, ils devaient passer à 60 €/MWh fin 2005.
En 2006 vint donc l’époque du dopage. Sous pression de la part des parlementaires (qui se plaignent qu’EDF augmente déraisonnablement ses prix auprès des clients ayant « quitté » les tarifs), EDF se met à expliquer que l’EPR coûte 43 €/MWh en avril (on ne parle plus des séries de 10 tranches mais du seul EPR de Flamanville) et 46 €/MWh un peu plus tard. Il s’agit en effet pour EDF de négocier un tarif de retour (le fameux TARTAM, désolé Nicolas, mais il faudra que j’écrive un billet séparé pour expliquer cet objet électrique bizarre) au « mieux », et la référence naturelle est celle de l’EPR de Flamanville 3.
Je passe sur les étapes intermédiaires pour observer que, comme indiqué dans un de mes précédents billets, l’EPR coûte maintenant, selon EDF, 54 €/MWh. C’est que maintenant le coût de l’EPR sert à justifier les prix de vente d’EDF, on voit qu’EDF n’a plus du tout intérêt à le sous estimer.
Le coût de l’EPR a donc été multiplié par deux en 5 ans. EDF a bien fait coût double : elle a obtenu qu’on lance l’EPR, et qu’on augmente ses tarifs. Jusqu’à une certaine limite toutefois, comme l’a montré le départ de M. Gadonneix après ses déclarations intempestives sur les hausses de tarifs.
Il y a 11 ans
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