Ceci est un billet d'humeur
On aura décidément tout lu !
J'apprends ce matin en lisant la presse que M. Francony ne serait pas prêt à quitter son poste de Président d'ERDF. L'article des Echos est même intitulé "
Un baron du groupe résiste au PDG".
M. Francony possède il est vrai tous les titres nécessaires pour revendiquer son grade de baron d'EDF. C'est un ancien d'EDF dans le style le plus traditionnel (il y a je crois commencé sa carrière), polytechnicien, ancien du "Service de la Tarification", ancien patron (mixte, c'est à dire désigné à la fois par GDF et EDF) d'EDF-GDF distribution, ancien patron d'EDF Trading.
Il a connu des traversées du désert comme tout cadre qui se respecte. Gloire à son nom, il est un des co-signataires d'une lettre adressée en 1998 par les plus hauts cadres dirigeants d'EDF, lettre qui demandait au ministre de l'économie (un certain DSK) le départ du Président d'EDF d'alors, M. Alphandéry. Les signataires, tous barons ou hobereaux d'EDF, prenaient ainsi parti pour le Directeur Général d'EDF d'alors, M. Daurès, qui livrait une guerre sourde et sans pitié à son Président.
Ce qui devait arriver arriva toutefois : MM. Alphandéry et Daurès furent tous deux débarqués à l'été 1998. Et leur successeur (qui cumulait les fonctions de Président et de Directeur Général), M. Roussely, fit placardiser presque tous les séditieux (à quelques exceptions près, la plus notable étant le Directeur Financier de l'époque : M. Chauvin). M. Francony dut ronger son frein et voue depuis lors une haine féroce envers M. Roussely et son entourage.
Mais la roue tourna, et au départ de M. Roussely (en 2004), M. Francony revint en grâce. Je passe sur les détails. L'intéressant est que M. Gadonneix le nomma (je crois en 2005) patron de la branche "Opérations Régulé France" : son job consistait à marquer à la culotte RTE qui était en voie d'autonomisation (sous la Présidence de M. Merlin) et d'assurer la discipline dans la partie "distribution" qui allait devenir plus tard, en 2007, ERDF.
Il fit chou blanc pour ce qui concerne RTE car M. Merlin ne se laissa pas faire. Mais il réussit mieux du côté ERDF. C'est sans doute à lui que l'on doit qu'ERDF n'ait jamais revendiqué de pouvoir s'approvisionner pour ses pertes à un
tarif régulé.
Sa nomination à la tête d'ERDF fut donc en quelque sorte le bâton de maréchal du baron.
Mais la roue vient de tourner d'un cran supplémentaire, et M. Proglio,
proche de M. Roussely s'attache à régler son compte à M. Francony. Il faut dire que M. Francony n'a guère brillé en tant que patron d'ERDF où il réussit à détériorer le climat social et à se mettre à dos les élus locaux.
Et, autre retour de balancier, M. Proglio a décidé de faire surveiller ERDF et RTE par ...
M. Merlin. Seulement voilà, du fait du statut d'indépendance que M. Merlin avait tant revendiqué en tant que patron de RTE, M. Francony n'est pas si facile à déboulonner que cela.
Amusant, n'est-ce pas ?
PS : en tout cas, pour ceux qui connaissent M. Francony, l'idée qu'il puisse être considéré comme un "résistant" doit faire bien rire :
Jean Moulin a de quoi se retourner dans sa tombe, et
Jean-Marcel Moulin de quoi se marrer jusqu'à la tombe.