jeudi 28 mai 2009

Affaire EDF / British Energy : quand le CE s'en mêle

Dans un tract diffusé ce jour par des organisations syndicales d'EDF, il apparaît que l'instruction du projet de rachat de l'opérateur nucléaire britannique s'est faite au mépris des règles internes.

Le Comité des Engagements et Participations (CEP), qui avait été crée pour éviter que les dérives précédentes (Edison, Edenor...) ne se répètent, a tout simplement été court-circuité. Surprenant, car cet organisme doit examiner, en principe, tous les investissements supérieurs à 20 millions d'euros et que British Energy était valorisé à 15 milliards d'euros.

Les syndicats ont aussi demandé à un expert de valoriser British Energy (il ne s'agit pas de l'auteur du blog, toutefois). Sa conclusion est simple : British Energy aurait été surpayé de 30 à 50%. Cet expert me semble encore optimiste.

Fort de ce constat, les syndicats demandent un "impairment test" (c'est à dire la réévaluation de la valeur de British Energy telle qu'inscrite dans les comptes d'EDF), attendons de voir ce que fera EDF.

mercredi 27 mai 2009

Sapeur Gadonneix

On connaissait le Sapeur Camember qui creusait des trous pour enfouir la terre du trou précédent.

On vient de découvrir le Sapeur Gadonneix qui emprunte pour se désendetter. Mais comme il est très intelligent, et qu'il connaît ses classiques, il sait qu'il faut prévoir un trou suffisamment grand pour enfouir la terre du trou précédent et la terre du nouveau trou.

Fort de cette sagesse, il n'a pas donné de limite à son nouvel emprunt.

jeudi 21 mai 2009

Sur valorisation de l'achat de British Energy : EDF se pose des questions

Comme on devait s'y attendre, la réalité rattrape M. Gadonneix sur l'affaire "British Energy".
Suite à des questions de certains actionnaires, "la direction EDF a fait savoir que British Energy, racheté début 2009, sera l’objet de réflexions en vue de potentielles dépréciations à partir de la fin juin" (voir ici). A suivre.

mercredi 20 mai 2009

Prix du chauffage urbain


Je viens de lire un très intéressant rapport de la Cour des Comptes sur la situation du chauffage urbain à Paris. On y découvre des choses quelque peu consternantes, que l'entreprise concernée (la CPCU, filiale d'Elyo et donc de GDF-Suez) conteste mollement.

Ainsi :
- même si la CPCU est tenue de ne pas facturer au delà d'un certain plafond (le PMA), 21% des consommateurs paient une facture supérieure à ce "plafond" ;
- le réseau de "retour d'eau" (la chaleur est transportée sous forme de vapeur et revient sous forme d'eau liquide) fuit un peu de toutes parts : seule 45% de l'eau injectée sous forme de vapeur revient sous forme liquide, contre 63% dix ans auparvant ; on a du mal à croire que la différence puisse provenir des clients utilisateurs directs de la vapeur (blanchisseries...) ; au demeurant, la CPCU doit compenser ses pertes d'eau par des achats à Elyo, si je ne me trompe pas, mais la cour des Comptes n'a pas investigué cette question ;
- plus intéressant encore, alors que la CPCU proclame qu'elle est fortement concurrencée par les autres énergies (électricité et gaz essentiellement), l'analyse des données du ministère montre au contraire que les prix de la CPCU montent avec les prix du gaz, mais ne baissent pas avec celui-ci.

Les réseaux de chaleur sont indéniablement un moyen intéressant de chauffage car ils permettent par exemple de rentabiliser des installations de cogénération avec de bons rendements, d'utiliser des sources fatales d'énergie autrement peu valorisables (déchets), encore faut-il que les opérateurs soeint incités à un comportement vertueux. Espérons que la cour des Comptes continuera à veiller au grain.

samedi 16 mai 2009

Claude Allègre serait sur le point d'être nommé ministre

D'après le journal le Monde, M. Sarkozy voudrait confier à Claude Allègre un "grand" ministère de l'innovation et de l'industrie. M. Allègre (qui est géochimiste et non climatologue) est connu pour ses positions niant la réalité du réchauffement climatique et je renvoie donc à l'excellent site de M. Jancovici pour se faire un point de vue sur cette question.
M. Allègre avait notamment fait valoir que les scientifiques ne savent pas prédire le temps à 10 jours et que donc ils seraient bien incapables de faire une prévision à 10 ou 100 ans. J'ai rarement vu un argument aussi absurde, sous la plume d'un scientifique. Personne ne sait évidemment prévoir le temps qu'il fera le 31 mars 2037, pas plus que le temps qu'il fera le 30 mai 2009. En revanche, estimer le temps qu'il fera "en moyenne" peut-être possible et c'est bien la question posée.
Par ses propos, M. Allègre confond ainsi météorologie et climatologie. Inquiétant pour un scientifique.
Mais, parce qu'il faut rire un peu, on se consolera en se disant que ce n'est pas la première fois que M. Allègre affirme péremptoirement des choses inexactes, voir ce débat sur les boules et les balles.

EDF et GDF: la poudrière sociale

Sous ce titre, un article paru ce jour sur le journal en ligne Mediapart décrit le malaise croissant au sein d'EDF et de l'ex GDF. Le conflit social actuel, que les fédérations syndicales ont du mal à maîtriser, est en effet nouvelle. Nouvelle en ce que pour la première fois depuis 20 ans, elle conduit à des coupures de gaz et d'électricité. Nouvelle en ce que, au delà des revendications salariales, elle traduit une coupure profonde entre les salariés des entreprises publiques (y compris les cadres) et le haut management.
Difficile d'incarner à la fois le service public, et d'avoir des dirigeants qui s'augmentent de 122% et demandent des stocks options... Difficile pour les salariés qui se sentaient "EDF-GDF" de comprendre que maintenant ils sont "ERDF" ou "GRDF" et que de toute façon EDF et GDF sont concurrents. Difficile pour les salariés de GDF d'accepter que Suez ait en fait repris la main sur l'entreprise.
Reste que personne ne semble aujourd'hui maîtriser cette situation et que la CGT semble avoir fait sienne la formule de Clémenceau : "ces choses là nous échappent, feignons d'en être les organisateurs".

vendredi 15 mai 2009

Nouvel incident dans la centrale nucléaire du Tricastin

Selon un article du Monde, un nouvel incident viendrait de se produire sur le site de la Centrale nucléaire EDF de Tricastin (il s'agit ici de la centrale nucléaire, car il y a aussi d'autres sites de production de combustible appartenant à Areva sur le même site).
Pas de blessé, ni de danger particulier, ni de rejet apparemment. La centrale était à l'arrêt lors de l'incident.
Dans un précédent billet, j'avais noté la hausse régulière depuis quelques années des "évènements significatifs pour la sûreté" par réacteur EDF. Trop tôt pour dire si cet incident à Tricastin relève de cette catégorie.
Cependant, malgré toutes les qualités de l'ASN, il serait pour tous plus crédible d'avoir en France une vraie autorité de contrôle indépendante. Cela éviterait que le grand public soit plus confiant dans les déclarations de la Criirad que dans celles des "Autorités".

Empire State Building


Une dépêche AFP vient d'annoncer la prochaine rénovation du gratte-ciel sans doute le plus célèbre au monde : l'Empire State Building. Cela montre que l'écologie des bâtiments ne concerne pas que le neuf, mais aussi l'ancien dans le cadre de projets de rénovation majeurs.
En l'occurence, toutes les fenêtres seront remplacées, les systèmes électriques refaits. Il est intéressant de souligner que les fenêtres des "building" posent surtout problème du fait de l'effet de serre (qui surchauffe les bâtiments et oblige à faire fonctionner la climatisation, même en hiver).
"Nous nous sommes rendu compte que 6.500 fenêtres procuraient beaucoup de lumière, mais aussi beaucoup de chaleur", explique [un des ingénieurs chargé du projet]. Une troisième pellicule contenant des couches de gaz argon/krypton et de l'aluminium en quantités microscopiques, va permettre de créer une meilleure isolation et de repousser les rayons ultraviolets. "La lumière va entrer mais pas la chaleur", explique-t-il.

mercredi 13 mai 2009

Quand EDF joue en bourse avec l'argent du démantèlement des centrales nucléaires

Un paragraphe du dernier "Document de Référence" d'EDF semble être passé inaperçu, il indique en termes très technocratiques que
"Pour sécuriser le financement des obligations de long terme, dans le cadre de l’ouverture progressive des marchés de l’électricité, EDF a mis en place progressivement un portefeuille d’actifs financiers réservés au financement des engagements nucléaires de long terme, et plus précisément à la déconstruction des centrales actuellement en activité et à la gestion à long terme des déchets radioactifs.
[...]
À fin décembre 2008, la juste valeur de ce portefeuille s’élève à 8 658 millions d’euros (8 604 millions d’euros à fin décembre 2007). Il intègre (1 206) millions d’euros de pertes latentes nettes liées au contexte de crise des marchés financiers enregistrées en capitaux propres."

En termes clairs : EDF a perdu 1 206 millions dans ses placements financiers
"réservés [...] à la déconstruction des centrales nucléaire". Cela, du fait de la baisse des marchés financiers en actions. Excusez du peu.

Certes, les textes réglementaires permettent parfaitement qu'EDF place "en bourse" les montants correspondants aux charges futures de démantèlement. Mais cela est particulièrement imprudent s'il les place sous forme d'actions, ce qu'il a fait pour environ la moitié des montants. En effet, les montants à placer dans les actifs dédiés sont évalués sur la base d'un placement "de père de famille" dans des obligations d'entreprises ayant une bonne signature (classées de A à AA) : ces montants sont calculés de manière que, placés sur ce type de produits, les actifs permettent, à la date du démantèlement, d'avoir les fonds nécessaires. Il est donc assez surprenant qu'EDF ait choisi de placer une bonne partie de ces sommes sur des placements en actions qui sont nettement plus risqués.

Surprenant, imprudent, et perdant.

Plus surprenant encore, du fait de la crise sur les marchés financiers, EDF a décidé d'arrêter de placer des sommes sur les actifs dédiés. L'entreprise n'aura placé que 1 800 millions en 2008 contre 2 700 millions prévus. C'est surprenant : la raison aurait voulu qu'EDF sécurisât ses placements (en les transférant sur des obligations, par exemple) mais surtout pas qu'il arrêtât d'épargner.

Mais il avait sans doute un besoin urgent d'argent frais pour ses aventures nucléaires anglo-saxonnes.

La consommation électrique connaît la crise


Selon EDF, "l’impact du ralentissement économique actuel sur les volumes d’électricité vendus aux clients industriels reste[rait] limité à ce stade".
On peut douter en général de la communication financière des entreprises, et en particulier de celle d'EDF, mais là on ne comprend plus. Car d'après les chiffres du ministère, l'énergie "appelée en haute-tension", soit en pratique l'énergie consommée par les gros industriels, a diminué de 12,1% en mars 2009 par rapport à la même période de 2008.
Le graphique ci-dessus est au demeurant assez éloquent : si la situation semble stabilisée depuis janvier, la crise a quand même eu un impact pas si limité sur la consommation industrielle.

lundi 11 mai 2009

Affaire "British Energy" : un scandale EDF qui commence ?

Après bien des atermoiements, Centrica vient d'accepter de reprendre 20% des parts de British Energy (voir ici). Les marchés financiers saluent cet accord par une baisse de 5,62% des actions EDF et une hausse de 6,04% du cours de l'action Centrica.
Dans un billet précédent, j'avais fait remarquer qu'EDF avait sans doute acheté British Energy bien trop cher, les marchés financiers semblent s'en rendre compte maintenant, avec un retard finalement faibles par rapport à leur habitude.
En effet, Centrica va racheter 20% de British Energy pour 2,5 milliards d'euros avec un "rabais" de 6% par rapport au prix payé par EDF. Normal, déclare EDF, puisque Centrica n'aura pas la majorité. Néanmoins, sur les 2,5 milliards d'euros, seuls 1,2 milliards seront payés en monnaie sonnante et trébuchante. Le reste, soit 1,3 milliard, sera payé par la cession à EDF de 51% de SPE, n°2 belge de l'électricité. Cela valoriserait SPE à 2,5 milliards d'euros. C'est beaucoup : en Janvier dernier, SPE était valorisé à 2,0 milliards d'euros (à l'occasion de la vente des parts de GDF à Centrica), et SPE a dégagé environ 10 millions d'euros de bénéfice en 2008 (voir rapport Centrica, page 18).
A force d'user de tels procédés, les marchés financiers commencent à se méfier, d'où leur salutaire quoique tardive réaction.

jeudi 7 mai 2009

M. Prudhomme

M. Rémy Prudhomme, professeur émérite à l'université de Paris XII vient d'avoir son heure de gloire : dans un article récemment publié dans les Echos, il vient de pourfendre avec brio la pensée unique. Car, selon lui, la lampe basse consommation serait une idée faussement lumineuse (bon j'ai du mal à me moquer de sa blague, les miennes sont parfois pires...).
Son article a fait grand bruit dans le landerneau des gens qui s'intéressent à l'énergie. Non que son raisonnement ne soit pas connu de longue date (j'y reviendrai) mais en publiant cet article dans un journal de référence à quelques semaines de la disparition des ampoules les plus consommatrices de nos rayonnages, M. Prudhomme devait s'attendre à faire du bruit.
Voilà qui est fait. Maintenant, son raisonnement est à la fois primaire, approximatif et surtout contre productif. En gros, M. Prudhomme nous raconte que certes les ampoules traditionnelles chauffent beaucoup mais que cette chaleur n'est pas gaspillée car elle se substitue à la chaleur de nos radiateurs. A l'inverse, les ampoules "basse consommation" nous obligeraient à chauffer plus pour compenser la chaleur qui était avant produite par les ampoules traditionnelles.
Le raisonnement est primaire car il oublie que l'électricité est une énergie "évoluée" et qu'elle demande pour être produite plus d'énergie qu'un chauffage thermique classique (genre chaudière au gaz). Et contrairement à ce que pense M. Prudhomme quand on s'éclaire on ne fait pas tourner plus des centrales nucléaires ou hydrauliques : on fait tourner les centrales "marginales" qui sont très souvent des centrales charbon et centrales au fioul (voir ici, page 49).
Son raisonnement ne vaut donc que pour les logements chauffés à l'électricité. Encore faut-il que la chaleur des ampoules remplacent réellement du chauffage, ce qui pas forcément vrai (en été ça peut même faire tourner la climatisation).
Mais le plus grave, c'est que disant "vive le gaspi" M. Prudhomme donne un prétexte à tous ceux qui ne veulent rien changer à leurs habitudes.
Et le printemps en fleur sur ses pantoufles brille.

mercredi 6 mai 2009

Rien de nouveau sur le soleil


Suite à mon billet de mars dernier, le sommeil approfondi de notre astre préféré (je veux dire : le soleil) se confirme. Le graphique ci-dessus le confirme : on ne voit pas encore de signe clair du redémarrage du cycle de 11 ans qui rythme normalement l'activité des tâches solaires.
Il est sans doute encore trop tôt pour pouvoir affirmer que nous entrons dans une phase de type "petit âge glaciaire", attendons encore quelques mois pour en savoir plus.
(NB : le graphique vient de ce site très intéressant).

mardi 5 mai 2009

Quand EDF vend les bijoux de la Couronne

C'était une des plus grandes fiertés d'EDF : être le distributeur d'électricité de Londres (et de quelques autres régions britanniques). On vous faisait visiter le poste source enterré sous Leicester Square et on vous disait, en montrant un gros coupe-circuit, qu'il alimentait directement Buckingham Palace. C'était en quelque sorte le bijoux d'EDF.
A cours de cash après ses rachats de British Energy au Royaume-Uni et de Constellation aux Etats-Unis, EDF pense à vendre les réseaux de distribution d'EDF Energy en Grande-Bretagne. C'est ce qu'annonce le Financial Times d'hier.
Mais les conditions ne sont pas les meilleures pour vendre une telle entreprise, et le cours de la Livre Sterling est déprimé . Les temps sont durs, et après avoir payé le graphite gaz à prix d'or, EDF s'apprêterait-il à vendre ses bijoux à prix de plomb ?

lundi 4 mai 2009

EDF ne conseille pas ses clients


S'il est une entreprise aimée par les Français, c'est bien EDF. Un récent sondage publié par le Parisien le confirmait d'ailleurs. Mais EDF mérite-t-elle tant d'amour ? Par exemple : EDF conseille-t-elle bien ses clients ? Pour le savoir, il suffit de demander à un conseiller EDF de bénéficier de l'option Tempo. L'option Tempo est une option qui permet de bénéficier de prix attractifs pendant environ 300 jours dans l'année en contrepartie de prix plus élevés sur les autres jours (jours dits rouge et blancs) ; c'est en fait une version plus sophistiquée que le classique contrat "EJP" auquel il se substitue.
EDF a l'obligation de proposer le contrat Tempo qui n'a pas été mis en "extinction". Pour autant, la plupart du temps, le conseiller EDF vous dira que cette option n'est plus disponible, voir par exemple sur ce blog. Par ailleurs, si vous allez sur le site EDF, l'option Tempo n'est tout simplement pas proposée ni indiquée.
C'est simple : l'entreprise préférée des Français manque à sa plus simple obligation, celle de bien conseiller ses clients.

dimanche 3 mai 2009

Espionnage Greenpeace : l'affaire ne fait que commencer

Dans un entretien dans le journal en ligne Mediapart, le patron de Greenpeace prévient que "l'affaire EDF ne fait que commencer". Il réitère sa demande de démission de M. Gadonneix et évoque la mise en examen d'EDF en tant que "personne morale".
Le feuilleton continue donc, mais cette fois si sans révélation nouvelle. La seule chose certaine, c'est que Greenpeace ne semble pas prêt à lâcher cette affaire.