dimanche 7 mars 2010

EPR : risque d'accident majeur ou manipulation ?

Des associations antinucléaires disposeraient de documents internes d'EDF (mais de source anonyme, on comprend pourquoi) montrant que l'EPR présenterait un "risque d'accident majeur".

Et le Directeur du réseau "sortir du nucléaire" ne fait pas dans la dentelle qui déclare qu'il "semble donc bien [...] que la conception de l'EPR accroisse le risque d'un accident de type Tchernobyl".

Je n'ai pas encore eu le temps de me renseigner auprès de mes correspondants habituels sur le risque réel qui ressort des différents documents publiés par les associations anti-nucléaires. A ce stade, je n'en tire que deux conclusions :
- le manque de transparence et l'absence d'un Autorité de Sûreté formellement indépendante (même si je ne conteste pas que l'ASN soit d'une grande exigence et agisse avec une réelle indépendance vis-à-vis d'EDF) nuit à la crédibilité du nucléaire français ;
- des sources internes à EDF laisseraient donc fuir des documents (anciens et plus récents) alors que M. Proglio a, en janvier dernier, laissé clairement entendre qu'il n'accepterait plus de telles pratiques : il n'a visiblement pas que des amis en interne.



5 commentaires:

ariel a dit…

Il s'agit là d'une drôle de blague ! SdN parle d'un accident d'éjection de grappe qui pourrait entrainer un accident majeur. Je vais pas refaire ici toute la phénoménologie accidentelle mais il faut savoir que l'accident d'éjection de grappe est un accident typique pris en compte à la conception. Les risques sont de trois types :

* rupture d'un doigt de gant du convercle de la cuve et donc accident type brèche (LOCA ou APRP). La brèche serait d'environ 2 pouces donc pas de soucis pour faire du gavé ouvert avec les systèmes d'injection.
* risque de missile interne (la tige de commande de la grappe) qui pourrait endommager l'enceinte de confinement. Le bouclier anti-missile pare efficacement à ce risque.
* Risque d'insertion de réactivité. Celle-ci est particulièrement forte mais sur une durée de quelques dixième de seconde. La chaleur dégagée bloque instantanément la réaction en chaine par effet Doppler rendant physiquement impossible tout emballement du coeur !! Les assemblages et coeur sont dimensionnés pour que l'excursion de puissance résultante n'endommage pas les crayons (ils ne doivent pas dépasser 2450°C localement).


Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'excursion de puissance est beaucoup plus forte si le réacteur est à l'attente à chaud qu'en pleine puissance. Le communiqué a déjà pas de sens puisqu'ils parlent d'opération en puissance. De plus il n'y a aucun risque d'accident type Tchernobyl (qui ne sont toujours pas physiquement possible avec des REP). Le scénario le pire sur un accident d'éjection de grappe serait une petite brèche primaire accompagnée d'un endommagement de quelques crayons. La réalité serait juste une brèche et pas plus d'accident nucléaire.

Il s'agit pour info d'un accident qui a toujours été pris en compte à la conception mais qui n'a jamais eu lieu ou jamais "presqu'eu" lieu !

Unknown a dit…

Sur le fond je n'ai pas de compétences particulières et je ne saurais apprécier la réalité de ce risque et/ou la qualité des mesures de couverture de ces risques.

Sur la forme je suis allé regarder les documents en questions en suivant les liens et je ferai trois remarques :
1. Il ne semble pas évident que tous les documents soient de source EDF. En effet, si certains sont indiscutablement identifiés, d'autres ne le sont pas du tout et pourraient venir de n'importe où
2. Lesdits documents ne sont pas confidentiels si on en juge par leur couverture. En lisant le niveau de diffusion il est indiqué qu'ils peuvent être diffusés à l'extérieur sous la responsabilité d'un chef de service...
3. La plupart des éléments ont une dizaine d'années

Concernant les fuites de ces documents, je ne sais pas si l'on peut les imputer aux ennemis de M.Proglio. C'est en effet une pratique que l'on observe couramment dans la plupart des entreprises pour les documents qui ne sont pas réellement confidentiels (i.e. lorsqu'un document est réellement confidentiel au sens où l'on veut absolument contrôler sa diffusion, il porte généralement le nom de la personne à qui l'exemplaire a été remis).
Et aussi cocasse que cela puisse paraitre, le premier pourvoyeur de documents confidentiels est en général l'imprimante où des documents sont oubliés, voire où ils sont imprimés par accident...

Cela étant dit, la difficulté de la question du nucléaire est (a toujours été) la passion qu'elle suscite tant chez ses défenseurs que chez ses détracteurs. Les mensonges d'Etat au moment de Tchernobyl n'ont pas contribué à une approche apaisée de la question.

Terminalix a dit…

J'ai commencé à lire le premier document et je dois avouer que j'ai failli m'arrêter avant la fin, devant une certaine mauvaise foi que je qualifierais bien de fort exagérée...
Je rejoins totalement ariel dans son analyse.

La mise en cause systématique des actions de protections est à mon avis fort excessive (l'AAR qui n'est peut-être pas initié, mais de toutes façons s'il l'est faut encore que les grappes veuillent bien tomber, etc, etc).

Mouais, bon...
On est un peu dans le couple infernal "Manque de transparence -> discours fantaisistes".

4E a dit…

Merci à tous de vos commentaires. Et je souscris finalement avec Terminalix, il faut sortir du cercle vicieux "manque de transparence -> discours fantaisistes (et alarmistes)".

Tristram a dit…

ariel, tu a gagné une manche, mais à long terme on verra bien !

(désolé pour la private joke... on se connait de bien avant de découvrir tous les deux ce blog)