dimanche 3 janvier 2010

Ignalina mon amour

Le 31 décembre dernier, le second réacteur de la centrale lituanienne d'Ignalina a fermé. Il s'agissait d'un réacteur de type "RBMK", de la même technologie que Tchernobyl.

Ce type de réacteur de conception soviétique souffrait d'un défaut de sécurité important, dit de "coefficient de vide positif", qui se traduit par un risque d'emballement en cas de vaporisation de l'eau dans le circuit de la centrale. Le monde en a eu la preuve dramatique un jour d'avril 1986.

On ne peut donc que se réjouir de la fermeture de cette centrale.

Il reste que les Lituaniens n'ont pour le moment que peu de solutions de remplacement : la centrale d'Ignalina leur fournissait une énergie bon marché et une certaine indépendance énergétique vis-à-vis de leur voisin russe. Des solutions existent à court terme, et des projets (tels qu'une interconnexion avec la Suède) sont envisagés pour le long terme ; mais pour le moment les Lituaniens craignent surtout la hausse des prix de l'électricité.

La fermeture de la centrale RBMK lituanienne ne doit pas non plus faire oublier que 11 autres réacteurs de ce type sont actuellement en exploitation en dehors de l'Union Européenne, en Russie : 4 tranches à Koursk, 4 à Saint Petersbourg et 3 à Smolensk. Et ces centrales qui se situent entre 2100 et 2400 km de Paris ne sont pas tellement plus éloignées que la centrale d'Ignalina (1800 km) ou que la centrale de Tchernobyl (2000 km).

Cette fermeture est donc avant tout symbolique et politique.

1 commentaire:

Terminalix a dit…

Pour être complet, disons que pour Tchernobyl, le phénomène de "coefficient de vide positif" n'explique pas tout de l'accident, qui fut aussi provoqué par de multiples non-respects des procédures de base de conduite d'un tel type de réacteur (chose qui, à mes yeux, est bien plus grave que le défaut de sûreté initial...

Après tout, en France a bien été découvert le problème des "bouchons d'eau claire", qui peuvent poser bien des soucis de réactivité si on n'y prend garde. D'où nouvelles consignes dans un premier temps, puis modifications techniques pour éviter de balancer un volume d'eau froide et non borée (de l'eau claire, quoi) dans un réacteur à la mise en service des pompes primaires.

Et n'oublions pas que normalement, suite à l'accident de Tchernobyl, un programme de modernisation de la filière RBMK a été engagé et devrait être fini en 2010 (source IRSN).