lundi 18 janvier 2010

Champsaur et les coûts

On sait que le rapport Champsaur préconise qu'EDF soit obligé de céder aux fournisseurs concurrents de l'électricité à des conditions reflétant les coûts de la production nucléaire.

Le problème est que personne n'est vraiment d'accord sur l'estimation de ces coûts. Le rapport Champsaur fait référence à une notion de "coût courant économique", visiblement inspirée des télécoms, mais avec une définition que les spécialistes des deux secteurs savent différente.

A l'occasion d'un colloque organisé par le Conseil d'Etat en décembre dernier, le représentant d'EDF aurait quant à lui estimé ce coût à 46 €/MWh (je n'ai pas pu obtenir la présentation, mais peut être qu'un de mes lecteurs pourra me confirmer ce chiffre). Il estimait par ailleurs que le prix auquel les clients "ordinaires" paient leur énergie (en équivalent "ruban") est de l'ordre de 34 €/MWh.

Le débat qui s'engage est donc, plus qu'un débat sur le transfert de la "rente" nucléaire aux concurrents d'EDF, un débat sur l'avenir des tarifs réglementés et leur évolution future.

Dire, comme EDF, que les tarifs doivent être fixés à 46 €/MWh implique en conséquence une hausse de l'ordre de 15% des tarifs de l'électricité pour les particuliers (avec des hausses encore plus fortes pour les clients de type "tempo" ou EJP). Et, en vérité, les hausses devraient être encore plus importante pour prendre en compte les hausses des tarifs de réseau.

Alors, quel est le "vrai" coût du nucléaire ? Je compte me livrer à quelques calculs dans les jours qui viennent. En attendant, je rappelle que lors de son audition par la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale, Pierre Gadonneix, Président d'EDF déclarait : « il est vrai que les tarifs sont supérieurs aux coûts, sans quoi l’entreprise perdrait de l’argent, mais il est vrai aussi qu’elle réinvestit massivement : 17 milliards d’euros en France entre 2007 et 2009. »

Tout est dit : le problème n'est pas de "couvrir les coûts" (du parc historique) mais bien d'assurer le financement des nouveaux investissements (dont les coûts ont pourtant vocation à être couverts, dans le futur, par les utilisateurs des-dits investissements).

Or, quoiqu'en dise M. Gadonneix dans sa déclaration, les problèmes de financement d'EDF viennent principalement du fait qu'EDF a investi massivement (et à mon sens imprudemment) à l'étranger.

EDF demande ainsi aux clients français, utilisateurs du parc nucléaire, de financer, en sus du coût du parc historique, à la fois le développement international d'EDF et les investissements en France.

Est-ce bien raisonnable ?

En tout cas, la déclaration de M. Gadonneix tranche le débat sur le "coût" à utiliser pour le rapport Champsaur. Ce rapport préconisant l'accès aux seules tranches existantes, le coût actuel de 34 €/MWh devrait être une référence suffisante (à la prise en compte de la prolongation des tranches nucléaires près).




3 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour les moins doués, ça se calcule comment les couts courants économiques ?

4E a dit…

Pour les moins doués, comme vous dites :-)
On réévalue les investissements passés à hauteur de l'inflation, et on amortit en annuité constante (ie, comme un prêt immobilier). C'est un peu plus compliqué que ça, mais en gros c'est le principe. En tous cas, dans les télécoms (où la méthode a été complètement explicitée, et les tableurs excel joints).

Anonyme a dit…

Le problème est surtout celui du démantèlement. Son coût n'a pas été provisionné, il n'est pas pris en compte dans les tarifs actuels. Il faudra bien fermer les centrales, et cela se paiera, soit dans les tarifs, soit dans les impôts : cela fait 40 ans qu'EDF vit à crédit.