vendredi 30 octobre 2009

Henri Proglio contre la réforme du marché

Lors de son audition par la Commission des Affaires Economiques de l'Assemblée Nationale, M. Proglio, futur Président d'EDF, s'est opposé à la réforme en cours du marché de l'électricité. Il es'st en particulier montré hostile à la mise en œuvre du rapport Champsaur qui imposerait selon lui la vente "à prix coûtant" de l'énergie nucléaire à ses concurrents.

Cette déclaration est quand même surprenante quand on sait que le projet de loi "NOME", projet qui émane du gouvernement, prévoit de mettre en œuvre le rapport Champsaur. Le chef de l'Etat nomme donc à la tête d'EDF un industriel qui s'oppose frontalement aux projets du gouvernement. Ce n'est pas banal.

Certes, M. Proglio vient du secteur de la distribution d'eau où l'on n'est pas prêts à céder ses biens aux concurrents. Cette déclaration me semble cependant inquiétante pour EDF car elle me semble relever d'une erreur d'appréciation de la part de M. Proglio.

La réalité en effet est qu'EDF se doit de faire des choix et ne peut à la fois garder le quasi monopole de la production, de la fourniture, les réseaux (ERDF, RTE), se développer à l'étranger en rachetant des opérateurs dans les marchés libéralisés, et se libérer de toute contrainte de régulation en France (en demandant la libéralisation totale du marché).

Le rapport Champsaur, tout imparfait qu'il était, prônait une solution qui garantissait à la fois le maintien d'un parc nucléaire intégré, de tarifs réglementés finaux (tout du moins pour les clients résidentiels) reflétant l'avantage compétitif du nucléaire, et le développement d'une concurrence à la fois sur les marchés de détail et sur les moyens de production nouveaux (qu'ils soient nucléaires ou "classiques"). Ce n'était pas si mal car, faute de cela, c'est l'ensemble du système qui risquait d'exploser (et aboutir à la disparition à terme des tarifs réglementés), explosion qu'EDF appelait d'ailleurs ce ses vœux. Le rapport Champsaur sauvait donc l'essentiel.

On comprend évidemment qu'EDF ne veuille pas brader "son" nucléaire (l'adjectif possessif "son" étant d'ailleurs impropre, car le nucléaire d'EDF est un choix de politique nationale et étatique et on ne voit pas très bien pourquoi un client de Poweo ne pourrait pas bénéficier des avantages du nucléaire au même titre qu'un client d'EDF : après tout, il court les mêmes risques qu'un client d'EDF en cas, heureusement fort peu probable, d'incident sur le parc nucléaire d'EDF).

En tout état de cause, résumer le débat à cela (en parlant de "prix coûtant") revient à caricaturer le débat : le rapport Champsaur ne prône pas le "prix coûtant". France Télécom en son temps avait été plus habile qui avait négocié que ses concurrents accèdent à ses réseaux à des niveaux de prix couvrant très généreusement les coûts historiques (et avait en particulier négocié une hausse de 23% de l'abonnement). Le Président de l'autorité de régulation des télécoms s'appelait alors... Paul Champsaur.

Il y a donc fort à parier que M. Proglio reviendra tôt ou tard sur ses positions. Espérons que ce délai ne causera pas préjudice à EDF, car les autorités Bruxelloises, qui avaient accepté avec réticence le compromis "Champsaur" seront évidemment très vigilantes sur l'ouverture du marché français.

jeudi 29 octobre 2009

50% de la production électrique à partir de renouvelables

Vendredi dernier, 23 octobre, l'Espagne a réalisé un record : ce jour là 50% de la demande nationale était fournie par des sources "nouvelles et renouvelables" (hydraulique, éolien mais aussi cogénération, cette dernière source n'étant pas "renouvelable").

Ce phénomène résulte de la baisse très nette de la demande suite à la crise économique (qui frappe très fortement nos voisins espagnols) et d'une production hydraulique et éolienne élevée.

L'Espagne a très fortement développé l'énergie éolienne sur les dix dernières années. Avec 16 500 MW installés fin 2008 elle se place au troisième rang mondial (derrière les USA et l'Allemagne) et au deuxième rang européen. Avec 3 400 MW la France est classée au 7ème rang mondial (voir ici).

Dans des pays comme l'Allemagne ou l'Espagne, l'éolien peut ainsi occasionner des variations très fortes de l'équilibre offre demande selon la situation météorologique. En Allemagne les "prix négatifs" constatés au début du mois s'expliquent ainsi en particulier par une production éolienne élevée.

Prix du fioul au 23 octobre


D'après les statistiques du ministère, le prix du fioul domestique a augmenté de 3,7% la semaine dernière. Il était en moyenne de 62,53 c€ TTC/l contre 60,29 c€ TTC/l la semaine de précédente.

En deux semaines, les prix du fioul ont augmenté de 8,1%.

A noter : la taxe carbone qui sera applicable au fioul domestique à compter de janvier serait de 4,5 c€ par litre de fioul, soit environ 5,4 c€ TTC.

mercredi 28 octobre 2009

L'exemple suédois


Les suédois, sous couvert d'afficher un moratoire sur la construction des centrales nucléaires (moratoire abandonné en début de cette année) avaient en fait une politique d'augmentation de la puissance des centrales nucléaires existantes.

C'est ainsi que la puissance de la centrale (tranche) de Ringhals 3 a augmenté de 70 MW soit 8% depuis 2000 (voir graphique).

En France, EDF n'a jamais voulu augmenter la puissance des centrales nucléaires. Et pourtant, une augmentation réaliste de l'ordre de 5% de la puissance des centrales existantes permettrait d'augmenter la capacité de production d'environ 3 000 MW soit l'équivalent de deux EPR !

Il est certes plus prestigieux de construire de nouvelles centrales. C'était apparemment le point de vue de M. Gadonneix. Mais peut-être que M. Proglio aura d'autres idées sur ce sujet.

mardi 27 octobre 2009

De jungle en maquis ou comment décrire les tarifs d'EDF

En septembre dernier, Mme Lagarde décrivait les tarifs d'EDF comme une "jungle" (le mot avait été popularisé peu avant par M. Besson au sujet du campement des sans papiers à Calais).

Filant la métaphore biogéographique, M. Christian Babusiaux, a dénoncé aujourd'hui, aux Assises de la consommation le "maquis des tarifs".

Il est quand même curieux qu'un haut fonctionnaire, jadis en charge de valider les tarifs d'EDF, et qu'une ministre, qui a validé le 13 août dernier un arrêté tarifaire reprenant l'intégralité des tarifs d'EDF, puissent avouer avec une telle candeur leur incompréhension totale des tarifs.

Le mot d'ordre en la matière semble être de rejeter la responsabilité totale des problèmes sur EDF, c'est quand même un peu exagéré mais c'est d'autant plus tentant que M. Gadonneix est de toute façon sur le départ.

Ces Assises ont quand même accouché d'une frêle souris : M. Novelli (ministre de la Consommation) a annoncé la création d'un "comparateur des prix" des fournisseurs d'énergie.

Il serait peut-être bon de lui indiquer l'adresse de la "calculette EDF" qui permet de comprendre pourquoi on paie.

samedi 24 octobre 2009

Borloo pas clair



J'ai écouté la très pertinente intervention de M. Roland Courteau, sénateur socialiste de l'Aude sur les tarifs EDF : j'ai cru un moment qu'il lisait mon blog.... Le fait que M. Courteau soit aussi Co-Président de l' A.N.E.V. (Association Nationale des Elus de la Vigne et du Vin) ne peut que me le rendre encore plus sympathique.

La réponse de M. Borloo est en revanche un gloubi-boulga incompréhensible assaisonné de cette phrase mémorable (je cite le compte-rendu analytique, la phrase réelle est encore plus embrouillée : écouter la vidéo à partir de 4:02) "les prix ont suivi, à une pointe près qui correspond à une journée sur les bourses européennes, les tarifs régulés, directement liés au coût de l'exploitation, de l'entretien et du transport".

Zéro pointé, si je puis dire : les tarifs n'ont aucun lien avec les prix sur les bourses, que ce soit au moment des pointes (ou de l'extrême pointe) ou aux autres moments. Disons simplement que M. Borloo n'avait pas été bien conseillé dans sa réponse.

vendredi 23 octobre 2009

Y'a le feu à l'UFE

Dans un article de ce jour, le journal les Echos annonçait que l'UFE serait convenu d'une position conciliant "la valeur patrimoniale d'EDF, l'ouverture à la concurrence et l'intérêt des consommateurs". On savait que l'UFE travaillait sur ce thème depuis un autre article des Echos qui n'avait à l'époque suscité aucun commentaire ni de la part de l'UFE, ni de la part d'EDF.

Chacun attendait donc "de pied ferme" ce consensus, pour ne pas dire cette "entente", autour de la mise en place du rapport Champsaur.

Mais patatras, l'article des Echos indiquait aussi un chiffre qui fâche tout rouge le futur feu président d'EDF (M. Gadonneix) : le prix de départ de l'accès réglementé au nucléaire devrait être de 34 €/MWh.

Ce chiffre est pourtant incontournable si on veut permettre aux concurrents d'EDF de faire concurrence à EDF (que ce dispositif soit souhaitable est une autre histoire, qui mériterait plus qu'un simple billet), mais voilà, on n'y peut rien, ce chiffre rend M. Gadonneix furax. Chacun son truc : moi c'est le prix d'achat de British Energy qui me rend furax.

On connaît l'indépendance légendaire de l'UFE vis-à-vis d'EDF, indépendance que j'ai déjà eu l'occasion de commenter (voir ce billet). C'est donc avec une grande surprise que j'apprends que suite à ces évènements malencontreux, l'UFE a publié un démenti formel : non, promis, juré, craché, l'UFE n'aurait jamais défini un niveau de prix souhaitable. Ce sujet serait d'ailleurs hors des compétences de l'UFE.

Bon, on peut critiquer l'UFE, mais elle nous donne ici une bonne occasion de rigoler.

jeudi 22 octobre 2009

Différentiel de prix entre la France et l'Allemagne


Sur les marchés de gros de l'électricité, les prix sont depuis 2005 globalement plus élevés en France qu'en Allemagne.

La crise récente sur les marchés spots n'a fait qu'exacerber cette tendance.

En effet, des prix de 3000 €/MWh supérieurs aux prix allemands pendant 4 heures ont un effet "annualisé" de l'ordre de 1,5 €/MWh (soit 3000*4/8760). En conséquence, des variations aussi brutales des marchés spots (pour une livraison horaire) peuvent influencer le différentiel de prix sur les marchés à terme (pour une livraison sur une année complète).

C'est effectivement ce que l'on constate : le différentiel de prix à terme entre la France et l'Allemagne ("spread") a augmenté de 1,8 €/MWh depuis la fin de la semaine dernière pour atteindre 5,69 €/MWh.

Aux dernières cotations sur le marché EEX, les prix en France pour une livraison en 2010 sont ainsi de 55,15 €/MWh contre 49,46 €/MWh pour de l'électricité livrée en l'Allemagne.

Sur les marchés de gros, la France, avec 80% de production nucléaire, est donc maintenant 11% plus chère que l'Allemagne, avec 80% de production non nucléaire. EDF n'ayant pas réussi a supprimer la réglementation des prix, cette situation sur les marchés de gros n'affecte cependant que très peu de clients finaux en France.

mercredi 21 octobre 2009

Prix du fioul au 16 octobre


D'après les statistiques du ministère, le prix du fioul domestique a augmenté de 4,2% la semaine dernière. Il était en moyenne de 60,29 c€ TTC/l contre 57,84 c€ TTC/l la semaine de précédente.

Cette hausse résulte essentiellement de la hausse des prix du pétrole, le brent gagnant +7.4% en $ et +6,4% en € sur la même période.

Le prix continue d'être relativement bas par rapport au sous-jacent pétrolier.

A noter : la taxe carbone qui sera applicable au fioul domestique à compter de janvier serait de 4,5 c€ par litre de fioul, soit environ 5,4 c€ TTC.

Explosion des prix sur le marchés spots -suite-

Dans mon billet d'hier, j'évoquais la flambée spectaculaire des prix spots de l'électricité à 3000 €/MWh (sachant qu'un client au tarif paie environ 35 €/MWh au titre de la production). J'ai pu me renseigner plus avant sur ce phénomène.

En premier lieu, pour la première foi de son histoire (soit depuis 2001), Powernext n'a pas pu réaliser l'équilibre de l'offre et de la demande sur le marché spot : le prix de 3000 €/MWh ne résulte donc pas d'un mécanisme de marché mais correspond au prix maximal retenu en ce cas par Powernext. Ce prix est donc totalement arbitraire, ce qui est un peu troublant quand on mesure les conséquences de ce choix pour les différents intervenants sur les marchés (les transferts entre acteurs se mesurant en dizaines de millions d'euros pour quelques heures).

En second lieu, du fait apparemment d'interventions (de "nominations") tardives de la part des opérateurs suisses, il semble que Powernext n'ait pas pu faire une "request for quotes" ("RFQ") qui aurait permis de solliciter à nouveau les producteurs (et les fournisseurs) pour chercher à équilibrer le marché. Lors d'une investigation sur les pics de prix à l'automne 2007, la gestion de la RFQ avait déjà été jugée insatisfaisante par la CRE, ici la RFQ était tout bonnement absente.

En troisième lieu, cette situation ne s'explique pas complètement par les fondamentaux du marché puisque de la capacité était disponible en France pour satisfaire la demande (compte-tenu des capacités d'importations disponibles).

Ainsi, sur le quatre heures critiques :
  • la production nucléaire était de 42,2 GW alors que 44,0 GW étaient déclarés disponibles ;
  • la production fioul était de 0,9 GW alors que 3,9 GW étaient déclarés disponibles ;
  • la production hydraulique était de 8,9 GW alors que 11,0 GW d'hydraulique de lac et 8,6 GW d'hydraulique "fil et éclusée" (il est vrai pas nécessairement mobilisables) étaient déclarés disponibles.

Ainsi cette affaire s'explique sans doute par la concomitance d'évènements malencontreux :
  • une période tendue du fait de la mauvaise disponibilité du nucléaire, période froide alors que les capacités contractuelles d'effacement sont réduites (la plupart commencent au 1er novembre), absence de la production en cogénération etc ;
  • une mauvaise coordination des marchés européens et des procédures trop serrées pour permettre de corriger cette situation (pas de RFQ en particulier) ;
  • et puis l'affaire est arrivée un lundi, ce qui veut dire que les équipes de permanence à même de traiter ce problème (le dimanche) étaient réduites.
On ne peut cependant exclure que le comportement "stratégique" de certains acteurs ait contribué à cette crise. Des producteurs et des traders ont pu ainsi garder par devers eux des capacités dans l'espérance de pouvoir les écouler à meilleur prix sur les marchés d'ajustement ou à l'occasion d'un éventuel RFQ.

Seule l'enquête approfondie que la CRE mènera probablement (avec l'appui d'autres entités de régulation) pourra nous permettre de trancher ces questions.

mardi 20 octobre 2009

Prix de gros en France : un sursaut à 3000 €

Hier, les prix de marché de gros de l'électricité livrée en France ont atteint des sommets : ils étaient de 3000 €/MWh entre 9h00 et midi. Ce niveau n'avait jamais été atteint depuis la création de la bourse de l'électricité en France (c'est à dire depuis novembre 2001). Le précédent "record" datait de 2007, les prix spot avaient alors atteint 2500 €/MWh.

Ce record d'hier est aussi remarquable par sa durée puisque les prix ont atteint le niveau de 3000 €/MWh pendant 4 heures consécutives (le record de 2007 ne portait que sur une seule heure).

Dans le même temps, les prix en Allemagne restaient relativement bas et se situaient entre 80 et 90 €/MWh.

On a du mal à comprendre pourquoi les prix en France, où le nucléaire est normalement très prépondérant, sont plus élevés qu'en Allemagne, pays dominé par la production à base de charbon. Un des éléments de réponse tient en la mauvaise disponibilité actuelle des centrales nucléaires françaises. J'essaierai d'investiguer cette question plus profondément dans les jours qui viennent.

lundi 19 octobre 2009

Peut-on avoir confiance en l'Etat ? L'exemple du contrat de service public EDF - Etat.


Parfois, l'Etat aime mettre en scène avec pompe et solennité la signature de textes fondateurs. Il prend alors à témoin les citoyens envers qui nos gouvernants s'engagent, à grand renfort de mots ronflants.

Toute proportion gardée, la signature du Contrat de Service Public entre l'Etat et EDF le 24 octobre 2005 relevait de cette catégorie. Il n'était question alors que de s'engager à la modération tarifaire.

"A l’heure où les prix de l’énergie augmentent en raison de la hausse des cours du pétrole, la structure de production d’EDF permet de limiter les hausses des tarifs. Le contrat de service public prévoit ainsi que l’évolution des tarifs aux particuliers ne sera pas supérieure à l’inflation pendant au moins cinq ans." rappelait le premier ministre d'alors (M. de Villepin).

Et le président d'EDF ne lésinait pas plus sur les mots qui parlait de "lien fort entre la nation et l'entreprise EDF" pour souligner des "engagements renforcés" qui visaient en particulier l'évolution des tarifs.

Quatre ans après avoir signé cet engagement, EDF et l'Etat sont convenus de hausses tarifaires supérieures à l'inflation au point que les prix de l'électricité ont augmenté plus vite que les prix à la consommation (voir graphique).

Les promesses de l'Etat n'engagent en somme que ceux qui les croient.

dimanche 18 octobre 2009

Les belges somment GDF Suez

En France, les Autorités font assaut de gentillesses pour GDF Suez en lui permettant en particulier de ne pas baisser ses prix au 1er novembre (voir ici).

En Belgique, les Autorités somment GDF Suez d'accepter de payer une contribution financière de plusieurs centaines de millions d'euros.

J'avais également noté, dans un récent billet, que les Autorités belges exigeaient, en contrepartie d'une prolongation de la durée de vie des centrales, des prix de l'électricité plus bas.

Il est vrai qu'à certains égards les Belges partent d'une situation de départ très différente de la France (les prix de l'électricité y sont en particulier notoirement plus élevés qu'en France). En plus, maintenant qu'Electrabel (l'EDF belge) est passé sous contrôle Français (de GDF Suez) et qu'il joue des possibilités fiscales pour ne payer d'impôt en Belgique, les Autorités belges n'ont plus vraiment de raison d'être très indulgentes pour GDF Suez et ses filiales.

Il n'en reste pas moins que nos amis belges posent de bonnes questions : pourquoi les clients ne pourraient pas bénéficier de la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires, par exemple.

jeudi 15 octobre 2009

Taxe locale sur l'électricité : avons nous trop payé ?

Dans un memorandum publié le 1er octobre , le Sipperec (syndicat de communes de la banlieue parisienne) écrit que : "la sortie de la CTA des barèmes tarifaires (elle apparaîtra désormais distinctement sur les factures) a pour conséquence de réduire l’assiette de la TLE [taxe locale sur l'électricité]. Cette modification pourrait, selon nos premières estimations, aboutir à une diminution de l’ordre de 2,6% du produit de cette taxe collecté par le SIPPEREC pour le compte de ses 80 communes adhérentes".

EDF semble considérer pour sa part qu'il n'y pas de problème particulier et que la TLE est correctement calculée Mais, le montant prélevé au titre de la TLE ayant indubitablement diminué depuis août dernier, il n'y a que deux possibilités : soit les communes perçoivent désormais trop peu de taxes, soit les clients ont par le passé payé trop de taxe.

En écartant la première branche de l'alternative, EDF reconnaitrait donc implicitement que ses clients ont trop payé de taxe locale par le passé : a-t-elle prévu des mesures pour nous rembourser ?

mardi 13 octobre 2009

Prix du fioul au 9 octobre


D'après les statistiques du ministère, le prix du fioul domestique est resté stable la semaine dernière. Il était en moyenne de 57,84 c€ TTC contre 57,52 c€ TTC la semaine de précédente.
Le prix continue d'être relativement bas par rapport au sous-jacent pétrolier.
A noter : la taxe carbone qui sera applicable au fioul domestique à compter de janvier serait de 4,5 c€ par litre de fioul, soit environ 5,4 c€ TTC.

lundi 12 octobre 2009

Consommation énergétique des TICs


J'ai lu un long mais intéressant rapport sur "TIC et Développement durable" (l'acronyme TIC désigne les Technologies de l'Information et de la Communication). On y apprend que les TIC au sens large engendrent une consommation électrique comprise entre 55 et 60 TWh soit 13,5% de la consommation d'électricité par les applications finales.

Et ces consommations augmentent rapidement : 10% par an sur les 10 dernières années. Si on se limite aux ménages, les TICs représenteraient 30% de leur consommation d'électricité spécifique (hors chauffage, cuisson et eau chaude). La principale cause en sont les appareils de type télévisions (sachant que les écrans plats sont particulièrement énergivores), ordinateurs etc. Il faut savoir que, même en position "veille", ces appareils continuent de consommer.

La consommation a encore été accrue par le développement des écrans "professionnels" : on a tous remarqué que l'on voit des écrans un peu partout maintenant : dans les bistrots, dans les gares, dans les supermarchés, dans la rue, dans les galeries commerciales... Ces écrans consommant en moyenne 250 kWh par an, on voit que cette consommation nouvelle n'est pas négligeable (2 TWh).

Mais on y apprend aussi que les TICs permettent d'ores et déjà de faire des économies d'énergie : le GPS, en optimisant la distance parcourue, permettrait ainsi de réduire de 16% la consommation de carburant "lors des déplacement en zones inconnues".

Mais les grand gisements d'économie (télétravail, téléconférence...) en sont encore a leurs balbutiements, et la France semble accuser un retard par rapport aux autres pays. Ce sera peut-être une conséquence positive de la Grippe A qui nous est annoncée : faire comprendre aux entreprises que le télétravail peut marcher.

vendredi 9 octobre 2009

Des effacements évanescents

Chaque année, à peu près à cette époque, les électriciens se posent la même question : passerons-nous l'hiver ? Rassurez-vous toutefois pour les agents d'EDF et RTE : il s'agit simplement de savoir si les moyens de production seront suffisants pour satisfaire la demande.

Les moyens de production doivent s'entendre au sens large, car en cas de tension sur l'équilibre offre demande des moyens "hors production" sont mobilisables : importations "de secours" mais aussi effacements de consommation (EJP et tempo).

Or la puissance effaçable diminue régulièrement depuis plusieurs années : de 3000 MW (soit deux EPR) en 2005, elle n'était plus que de 2100 MW pour l'hiver 2007-2008 d'après RTE (le chiffre 2008-2009 n'est pas publié). Cela est du à la lente euthanasie des tarifs EJP et Tempo par EDF (voir mes autres billets), elle même consécutive au choix de la CRE en matière de tarification du réseau.

En quatre ans, on a donc perdu environ 1000 MW de capacité d'effacement.

En parallèle, la sensibilité de la demande aux aléas de température s'est accrue (du fait du redémarrage du chauffage électrique, essentiellement du à la hausse des prix du pétrole et du gaz). D'après RTE, le "gradient" de température, qui mesure la sensibilité de la demande d'électricité à une diminution de 1°C de la température est ainsi passé de 1450 MW en 2006 à 2100 MW actuellement : chaque °C en moins nécessite désormais l'appel de l'équivalent de deux tranches nucléaires en plus.

Moins de capacité d'effacement, plus de risques de "pics" de demande, tout cela n'est pas très bon pour "passer l'hiver".

Mais le plus surprenant est que de récentes décisions ne peuvent que dégrader la situation :
  • les dernières décisions tarifaires d'EDF vont rendre encore moins attractives les offres d'effacement (voir ici) ;
  • la décision de taxer le gaz et le fioul mais pas l'électricité (taxe carbone) va accroître l'intérêt relatif du chauffage électrique.
EDF et le gouvernement ont-ils étudiés l'impact de leurs récentes décisions sur le passage de l'hiver 2009-2010 ?

En attendant, je souhaite un bon WE à tous...

jeudi 8 octobre 2009

L'Anode assigne ERDF en référé

Dans un communiqué de presse publié hier, l'Anode (association des producteurs alternatifs, type Poweo ou Direct Energie) déclare avoir assigné ERDF en référé. Ils se plaignent de la dernière campagne publicitaire d'ERDF qui entretiendrait la confusion entre EDF et ERDF et donnerait donc l'impression (au demeurant totalement fausse) que la qualité de l'électricité pourrait ne pas être la même chez les fournisseurs alternatifs.

Cette plainte n'est pas nouvelle : en janvier 2000, M. Syrota, alors président de la CRE, avait déjà adressé des remontrances à M. Roussely, alors Président d'EDF, pour avoir été trop présent à la télévision au moment des reportages sur les réparations post-tempête.

Qu'ERDF ne joue pas le jeu n'est donc pas nouveau. Mais quand cette filiale accepte sans rechigner de verser 75% de ses bénéfices à son actionnaire, que peut-elle encore lui refuser ?

Appel à sujets !

Depuis quelques semaines que je me suis remis à ce blog, j'ai eu un assez beau succès et ai maintenant de nombreux lecteurs fidèles (qu'ils soient remerciés). J'ai encore beaucoup de sujets en réserve mais qui demandent parfois une rédaction un peu longue. Et puis parfois je tourne un peu en rond (avec des sujets récurrents sur les cours du fioul, les taches solaires, les évolutions tarifaires etc.).

Afin de renouveler mes sujets et trouver un nouveau souffle, je sollicite donc mes lecteurs pour qu'ils m'envoient des sujets qu'ils aimeraient bien voir aborder. Ne croyant qu'aux rumeurs que j'ai moi même lancées, la seule règle que je propose est que les sujets soient accompagnés de sources fiables et publiques.

Pertes sur réseau ERDF

Il semble que la nouvelle loi en préparation (celle qui renomme le collège de la Commission de Régulation de l'Energie) dise des choses sur les pertes de réseau. J'y reviendrai.

Les pertes techniques de réseau sont engendrées principalement par l'échauffement des câbles (effet joule) mais aussi, dans une moindre mesure, dans les transformateurs (pertes "fer").

Mais il y a aussi ce que dans le jargon on appelle les pertes "non techniques" (terme pudique pour parler des vols d'énergie). Or une présentation d'ERDF que je viens de lire montre qu'il y a 8 TWh/an de "pertes non techniques" sur son réseau. C'est énorme (équivalent de la production d'une tranche nucléaire) : cela veut dire que 2,5% de l'énergie livrée par ERDF serait "volée".

Les documents de la CRE sont décidément toujours passionnants.

mercredi 7 octobre 2009

Les salariés d'une centrale EDF font jouer le droit d'alerte

"C'est le pire arrêt de tranche (arrêt d'un réacteur pour maintenance tous les 18 mois) que nous ayons jamais eu", a assuré Philippe Page, secrétaire général de la CGT (majoritaire) de la centrale de Flamanville. "Des problèmes récurrents de disponibilité des outillages, de pièces de rechange, s'ajoutent à une pression non tolérable du planning sur le seul critère économique" ajoute-t-il.

Un arrêt de tranche nucléaire coûte environ 1 million d'euros par jour (il s'agit d'un manque à gagner). Comme quoi, un stratégie d'économie à tous crins sur les pièces de rechange peut coûter plus cher qu'elle ne rapporte.

Visiteurs internationaux


Ce billet parle de blogage.

Je ne sais pas pourquoi mais blogger m'envoie parfois des bouffées de visiteurs étrangers (voir la carte). Je ne doute pas de l'intérêt de mon blog, mais enfin les sujets que je traite pourraient ne pas passionner les visiteurs Argentins ou Colombiens.

Ceci dit, il m'est arrivé une fois d'avoir un lecteur qui se connectait de Rolex. Très classe, je suis sûr que Nicolas, l'hérétique, Gaël et Disparitus seront jaloux.

Prix du fioul au 02 octobre


Voici donc la dernière livraison statistique qui montre une très légère remontée des prix du fioul domestique sur la première semaine d'octobre (sur la semaine à cheval, plus précisément). Les prix moyens étaient de 57,5 c€ TTC contre 57,1 c€ la semaine précédent.
A noter : la taxe carbone qui sera applicable au fioul domestique à compter de janvier serait de 4,5 c€ par litre de fioul, soit environ 5,4 c€ TTC (la taxe carbone étant soumise à TVA, voir ce lien, qui répond aussi à une remarque de Nicolas).

mardi 6 octobre 2009

L'énigme du 4 octobre 2009


Le marché de l'électricité possède des propriétés surprenantes à bien des égards. En particulier, les prix peuvent parfois y être négatifs, ce qui veut dire que l'on peut très bien être rémunéré pour consommer de l'énergie.

Ce paradoxe peut s'expliquer du point de vue économique (il découle en particulier du fait que certaines productions sont peu flexibles et que leur arrêt à certaine période de creux peut compromettre leur capacité à produire plus tard aux périodes de pointe : plutôt que d'arrêter sa centrale le producteur peut alors préférer rémunérer un consommateur qui lui permettrait de maintenir sa centrale en fonctionnement pour les heures de pointe), il est cependant rare.

Un tel évènement vient de se produire en Allemagne : les prix sur le marché spot étaient de -11,59 €/MWh pour une livraison "base" sur la journée du dimanche 4 Octobre (marché EEX). La forte production éolienne y aurait contribué. Mais le plus surprenant est que sur cette même période, les prix en France étaient de 35,46 €/MWh.

D'après un de mes lecteurs, il semble que les capacités d'importation depuis l'Allemagne aient été saturées. Dans cette situation, une différence de prix peut effectivement exister entre les deux marchés.

lundi 5 octobre 2009

Gaz : quand ça devrait baisser, ça ne baisse pas

Lors d'un précédent billet j'avais indiqué que, selon la formule de la CRE (Commission de Régulation de l'Energie), les prix du Gaz devraient baisser de 4% au 1er novembre.

C'est sans compter sur l'entregent des dirigeants de GDF Suez qui viennent visiblement d'obtenir que les prix du gaz ne baissent pas (ce que j'attendais un peu, il est vrai).

C'est ce que révèle le journal en ligne mediapart, dans un article du 1er octobre.

En résumé : quand ça doit baisser, ça ne baisse pas, quand ça ne doit pas baisser, ça monte.

dimanche 4 octobre 2009

Calculette EDF : nouvelle version

Une nouvelle version de la "calculette EDF" est disponible sur le site. Elle permet de visualiser l'augmentation des prix depuis 2000.
Attention de bien entrer le taux de taxe locale correspondant à votre commune pour simuler au mieux votre tarif (par défaut, on suppose un taux de 8%).
Pour ceux qui veulent comparer avec les barèmes publiés par EDF, veuillez noter qu'ils sont calculés sur la base d'un taux de taxe locale de 12%.
Enfin, la série de prix depuis 2000 n'est disponible que sur la base du taux de taxe retenu par EDF, soit 12%. Le graphique final est donc calculé sur cette base : le chiffre de 2009 peut donc être différent de celui indiqué plus haut (qui correspond au taux de taxe que vous aurez renseigné).
Commentaires bienvenus, comme d'habitude.

samedi 3 octobre 2009

Prolongation des centrales belges

Le ministre belge du climat et de l'énergie, M. Magnette, vient de se prononcer en faveur de la prolongation des réacteurs nucléaires de Doel 1 et 2 (390 MW chacune), et de Tihange 1 (960 MW). Ces réacteurs exploités par Electrabel (filiale de GDF Suez) sont entrés en service en 1974 et 1975 pourraient donc fonctionner 50 ans.
En contrepartie, le ministre demande que les clients belges puissent bénéficier de prix bas correspondant à des centrales amorties. C'est curieux, quand en France on a augmenté la durée de vie des réacteurs à 40 ans, on n'a nullement parlé de baisse des prix...
En tous cas, on comprend mieux pourquoi GDF Suez, à travers l'UFE dont il est membre, souhaite maintenir des références de coûts élevées pour le nucléaire en France (voir ce billet) : il a peur de la contagion à la Belgique. A moins que ce ne soit désormais l'inverse.

vendredi 2 octobre 2009

Sun is tard

Je profite d'une après-midi de congé pour écrire quelques billets saisonniers.

Dans quatre de mes précédents billets, j'avais évoqué un fait qui intrigue nombre de spécialistes du soleil : le cycle solaire ne semble par redémarrer (en particulier, les taches solaires ne réapparaissent pas comme on s'y attendrait).
Toujours rien de neuf, le soleil est toujours en panne apparemment. Qu'en pensent les spécialistes du domaine ?
En attendant, j'invite tout à chacun à consulter le site de l'Observatoire de Bruxelles, d'où j'ai extrait le graphique.

Réforme du marché de l'électricité: les producteurs s'accordent sur le prix

J'apprends sur le site des Echos que « les membres de l'Union française de l'électricité (UFE) se sont mis d'accord sur le coût auquel les concurrents d'EDF pourront acheter une partie de l'énergie produite par le groupe public […] . Le prix de vente de l'électricité de base produite par EDF pourrait s'établir entre 44 et 48 euros par mégawattheure (MWh) d'ici à 2013, contre 34 euros/MWh aujourd'hui. EDF préconise un prix de 46 euros. »

Question naïve : des producteurs qui se "mettent d'accord" sur un prix, ça n'est pas interdit par Bruxelles ?

Vanité des blogueurs

Ce billet nombriliste ne concerne pas l'énergie.

Avec 4044 visiteurs uniques et 8188 pages vues le mois dernier, la fréquentation de mon blog a atteint son plus haut historique. Le jour le plus fréquenté fut le 30 septembre (384 visiteurs uniques).

Je constate par ailleurs que de plus en plus de lecteurs d'EDF viennent sur mon site, ce qui ne me surprend qu'assez peu. J'ai le plus grand respect pour cette entreprise, modéré jusqu'à présent par le doute que j'avais sur l'équipe dirigeante qui entourait M. Gadonneix et sur ses choix stratégiques.

Energie 2007, site de référence s'il en est, a repris mes billets sur la réforme de la CRE (pour Nicolas : il s'agit de la Commission de Régulation de l'Energie) ; je ne m'y attendais pas, sachant que je ne faisais que rapporter des sources orales, certes convergentes et raisonnablement fiables.

Et puis, j'ai eu le plaisir d'avoir un très gentil billet sur mon blog de la part de Nicolas, et puis évidemment de Disparitus. Courage Disp, on pense beaucoup à toi.

jeudi 1 octobre 2009

Quand EDF fait coût double

Au tout début, l’EPR n’était pas cher. C’était l’époque des illusions. En 2004 par exemple, son coût était évalué à 28,4 /MWh. C’était le temps où il fallait raconter qu’il était nécessaire de relancer le nucléaire, mais que par ailleurs cette opération serait rentable : les prix « de marché » se situaient dans une fourchette comprise entre 32 et 35 €/MWh.

En 2005 vint l’époque du sérieux. Une commission du débat public fut organisée pour justifier la construction du premier EPR en France : le projet Flamanville 3. En cette époque lointaine, le nucléaire n’était toujours pas très cher : il valait 35 €/MWh (pour une série de dix tranches). Et qui ne douterait qu’il faille au moins dix tranches pour « renouveler » le parc actuel de 58 tranches (certes un peu moins grosses) ?

Cependant, les prix « de marché » ont littéralement explosé en 2005 (du fait en particulier de la mise en place du système de quotas de CO2). De 35 €/MWh en début de période, ils devaient passer à 60 €/MWh fin 2005.

En 2006 vint donc l’époque du dopage. Sous pression de la part des parlementaires (qui se plaignent qu’EDF augmente déraisonnablement ses prix auprès des clients ayant « quitté » les tarifs), EDF se met à expliquer que l’EPR coûte 43 €/MWh en avril (on ne parle plus des séries de 10 tranches mais du seul EPR de Flamanville) et 46 €/MWh un peu plus tard. Il s’agit en effet pour EDF de négocier un tarif de retour (le fameux TARTAM, désolé Nicolas, mais il faudra que j’écrive un billet séparé pour expliquer cet objet électrique bizarre) au « mieux », et la référence naturelle est celle de l’EPR de Flamanville 3.

Je passe sur les étapes intermédiaires pour observer que, comme indiqué dans un de mes précédents billets, l’EPR coûte maintenant, selon EDF, 54 €/MWh. C’est que maintenant le coût de l’EPR sert à justifier les prix de vente d’EDF, on voit qu’EDF n’a plus du tout intérêt à le sous estimer.

Le coût de l’EPR a donc été multiplié par deux en 5 ans. EDF a bien fait coût double : elle a obtenu qu’on lance l’EPR, et qu’on augmente ses tarifs. Jusqu’à une certaine limite toutefois, comme l’a montré le départ de M. Gadonneix après ses déclarations intempestives sur les hausses de tarifs.

Réforme de la CRE

J'ai confirmation qu'il existerait bel et bien un projet de réforme de la CRE. Un nouveau collège de 5 membres serait nommé : il serait constitué d'un Président à plein temps et de quatre commissaires "à la vacation".