mercredi 30 septembre 2009

Prix du fioul domestique au 25 septembre


Le tableau ci-dessous donne les prix du fioul domestique depuis 1 an. A 57,08 c€/litre, les prix ont baissé de 1,5% sur la dernière semaine pleine de septembre (par rapport à la semaine précédente). Par rapport à l'année dernière, les prix du fioul ont baissé de 35%.

mardi 29 septembre 2009

Les prix du gaz devraient baisser d'environ 4%, selon la formule de la CRE

Dans un billet du 25 août, j'avais indiqué que, selon la formule du ministère, les prix du gaz devaient augmenter de 5% au 1er novembre prochain. Je n'avais cependant pas eu le temps (et n'avais pas les données requises) pour faire les calculs selon la formule plus précise de la CRE (voir par exemple ici).

Or, après calcul, la formule de la CRE "prévoit" une baisse d'environ 4% des prix du gaz au 1er novembre. La différence considérable entre les deux formules (CRE vs ministère) provient du fait que les prix du gas-oil et du fuel-oil n'ont pas suivi les cours du pétrole brut.

Bonne nouvelle, si on peut dire, les prix du gaz devraient donc baisser au 1er novembre.

Cependant, la CRE ayant laissé entendre que tous les coûts de commercialisation ne seraient pas couverts, on peut s'attendre à ce que GDF Suez milite pour une stabilité des prix.

Les maisons passives peinent à s'imposer

Un article du Monde montre combien il est difficile de construire une maison "passive" (c'est-à-dire très peu consommatrice en énergie) dans notre pays.
Les difficultés ne sont pas qu'économiques (coûts, insuffisance des aides), elles sont aussi techniques (les normes de construction en France sont inadaptées, les matériaux doivent être importés, les compétences trop rares). Par ailleurs la promotion de la filière par le gouvernement serait insuffisante. Je suis parfois sceptique sur l'intérêt des aides financières qui gonflent parfois artificiellement l'intérêt de certaines filières (le photovoltaïque par exemple) au détriment d'autres (le solaire thermique pour prendre un autre exemple). Les aides sont parfois plus allouées à
a proportion du pouvoir de lobbying que de l'intérêt économique / écologique / environnemental / énergétique.
En revanche, on ne peut regretter que les normes techniques soient inadaptées et que les compétences n'aient pas été développées.

lundi 28 septembre 2009

Claude Allègre ou l’apparence du bon sens

S’il est un exercice ou M. Allègre mérite son patronyme, c’est bien les déclarations à l’emporte-pièce. Ainsi, dans un entretien au journal Nice-Matin, l’ancien ministre de l’éducation reprend une des ses vieilles antiennes à l’encontre des scientifiques du changement climatique (d’origine humaine) : « Avec une bande de gens qui apportent des réponses simplistes à un système complexe et prétendent prédire le climat dans cent ans, alors qu'on a du mal à obtenir une météo fiable à plus de trois jours. C'est une vaste plaisanterie. Eux-mêmes ne croient pas à ce qu'ils racontent, mais c'est une aubaine pour eux comme, par exemple, récolter des financements publics... »

Ce mélange de faux bon sens et de théorie du complot est une marque de fabrique habituelle de l’Allégrisme.

Aucun climatologue ne prétend prévoir la météo dans 100 ans (c'est-à-dire prévoir quel sera le temps le 28 septembre 2109 à Nice par exemple) : personne n’en est capable et cette information n’a d’ailleurs aucun intérêt. Prévoir le climat est un exercice d’une toute autre nature qui n’a à l’inverse aucun intérêt à l’horizon de quelques jours (même si on sait très bien, et avec une excellente fiabilité, dire quel sera le "climat" dans trois jours).

En confondant climat (qui s’intéresse aux grandes tendances, en moyenne sur de longues périodes) et météorologie (qui s’intéresse aux prévisions de court terme, pour une date et un lieu précis), Claude Allègre fait une confusion qui sert son discours mais dessert les sciences.

Cela est si vrai que, vivant contre-exemple aux théories Allégristes, je suis pour ce qui me concerne incapable de dire la sottise que M. Allègre va dire dans les dix heures qui viennent, mais que je suis à peu près certain que dans les 10 mois il nous ressortira cet argument fumeux sur climat et météo.

Quand Electrabel ne paie pas d'impôt

A qui pense que l'évasion fiscale ne concerne que la France, la presse belge donne un démenti cinglant.

Ainsi, Electrabel (en quelque sorte l'EDF local, filiale du groupe GDF-Suez) est parvenu à ne pas payer d'impôt sur les sociétés en jouant sur les spécificités fiscales belges (prises en compte d'intérêts "notionels" sur les capitaux propres) et sur des transferts de dettes (voir ici).

Ceci est tellement choquant que les parlementaires belges veulent taxer Electrabel pour compenser cette fuite d'impôts... histoire de montrer qu'ils sont plus habiles que GDF Suez pour monter des usines à gaz (fiscales ?).

Pour revenir en France, la pratique du "prix de transfert" est une méthode classiquement employée pour minimiser les impôts : elle consiste à vendre à prix bas par les sociétés situées en France au bénéfice de sociétés situées dans des pays à faible imposition, ce qui revient in fine à transférer les bénéfices vers les pays à faible imposition.

La méthode peut être utilisée, par exemple dans le cas de ventes à des filiales de trading situées à Londres. Elle est en théorie étroitement contrôlée par les administrations fiscales.

dimanche 27 septembre 2009

Au revoir M. Gadonneix

Le départ de M. Gadonneix semble bel et bien bouclé depuis environ une semaine. M. Proglio devrait le remplacer à la tête d'EDF le 22 novembre prochain.
L'auteur de ce blog ne regrettera pas M. Gadonneix qui a entraîné l'entreprise publique dans une "stratégie" tardive, hasardeuse et dispendieuse. Pour sauver la face et cacher le coût de ces opérations, M. Gadonneix s'est même livré à des opérations douteuses (comme le rachat de SPE).
Dans un excellent article du journal en ligne mediapart, Mme Orange décrit le processus qui a abouti à la nomination de M. Proglio à la tête d'EDF. Elle montre que l'Elysée n'a que très tardivement pris conscience des problèmes d'EDF et de la stratégie de Pierre Gadonneix. Cela en soi pose une question majeure sur la capacité de l'Etat à surveiller une entreprise publique comme EDF.
Espérons maintenant qu'EDF, sous l'égide de son nouveau patron, définisse enfin une véritable stratégie industrielle au service de la nation et cesse de se doper à la demande de hausse tarifaire.

vendredi 25 septembre 2009

Réforme de la CRE

D'après des sources convergentes, le gouvernement préparerait une réforme de la CRE qui renforcerait ses pouvoirs (ce qui est cohérent avec le 3ème paquet européen), y compris en matière de réglementation tarifaire. Par ailleurs, le collège actuel pourrait être dissout et un nouveau collège renommé.

Prix du fioul domestique : situation au 18 septembre


D'après les statistiques du ministère, le prix du fioul domestique est resté stable la semaine dernière. Il était en moyenne de 57,94 c€ TTC contre 57,95 c€ TTC la semaine de précédente.
Le prix continue d'être relativement bas par rapport au sous-jacent pétrolier.

EPR finlandais : le torchon brûle entre Areva et son client

Dans un entretien dans le journal les Echos, Timo Rajala, le président du consortium PVO des papetiers (principaux clients / actionnaires de l'EPR en construction en Finlande) se plaint des retards du projet (3 années). Et il ne mâche pas ses mots : "Ils [AREVA] ont vendu l'EPR et c'est seulement ensuite qu'ils ont commencé à faire les plans d'ingénierie précis".
S'agissant de ses relations avec Areva et en particulier Anne Lauvergeon, il est encore plus cinglant : "nous n'avons apparemment pas de relations commerciales normales. Dans ma carrière, je n'ai jamais eu ce genre de problèmes. Nous avons travaillé avec d'autres sociétés françaises, dont Alstom et EDF, et n'avons jamais eu ce genre de difficultés. Cette fois, c'est très spécial. La capacité d'écoute d'Anne Lauvergeon n'est pas aussi bonne que sa capacité à parler."

Ce n'est pas vraiment du langage diplomatique, mais ce Finlandais dit tout haut ce que beaucoup de Français pensent tout bas depuis longtemps. Ceci dit, ne soyons pas naïfs, Timo Rajala cherche probablement à faire pression sur Areva et à profiter de l'affaiblissement d'Anne Lauvergeon.

jeudi 24 septembre 2009

La Pologne et l'Estonie récupèrent des droits à polluer

La Pologne vient de récupérer en justice 76,1 millions de tonnes de droits à polluer et l'Estonie 11,6 millions de tonnes (voir ici). D'autres pays d'Europe centrale et orientale pourraient obtenir en justice un relèvement de leurs quotas d'émission.
Le système d'allocation de quotas se basant sur les émissions historiques donne plus de "droits à polluer" aux pays historiquement pollueurs. Une forme de système de "pollueur (historique) - payé (sous forme de quotas gratuits)" que la Commission voulait corriger.
Cette décision, si elle était confirmée, pourrait déprimer les prix de la tonne de CO2 sur les marchés négociés. Hier le prix de la tonne perdait 4% sur la bourse EEX. Elle était à 13,2 €/tonne, soit sensiblement moins que le niveau sous-jacent à l'actuel projet de taxe.

mercredi 23 septembre 2009

Jean-Louis Borloo se mettrait à l'eau du robinet

D'après le site de l'hebdomadaire l'express, l'actuel ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer pourrait devenir président "non exécutif" du groupe Véolia.
Je ne sais s'il faut accréditer une telle rumeur, qui a de quoi faire jaser.
En revanche, l'arrivée de M. Proglio à la tête d'EDF semble bien assurée. Ainsi que le départ de M. Gadonneix, que l'auteur de ce blog salue (le départ, pas M. Gadonneix).

Pour comprendre sa facture EDF

Pour aider mes lecteurs à mieux comprendre leur facture EDF, j'ai -avec l'aide ô combien précieuse d'un expert de ce genre d'outil, qu'il soit ici encore remercié- réalisé un outil permettant de décomposer la facture EDF.

Cet outil est encore en test, il pourra être amélioré en fonction du succès qu'il rencontrera (n'hésitez pas à en faire de la pub...).

Il faut renseigner le taux de taxe locale (la plupart du temps autour de 8 à 12%, par défaut 8%), indiquer le type de tarif souscrit, et ses consommations. Vous pouvez vérifier ce taux sur votre facture EDF.

L'outil permet aussi d'estimer la hausse tarifaire depuis 2007 (mais sur la base d'un taux de taxel locale de référence -utilisé par EDF- de 12%). Pour des raisons techniques, il peut donc exister de légères différences entre ces chiffres et ceux de la décomposition pour 2008. Mais c'est la tendance qui est importante.

N'hésitez pas à commenter, et à signaler les erreurs qui, malgré nos efforts, pourraient subsister.

EDF manipule-t-elle les prix ?



EDF est parfois accusée de manipuler les prix de marché de gros. A défaut d’éléments de preuve directs, j’essaie dans ce court billet de montrer les mécanismes possibles d’une telle manipulation et d’en déceler quelques indices.

Pour une entreprise très largement dominante comme EDF, il y a deux manières principales de manipuler les prix sur les marchés de gros :

  • elle peut directement fixer ses prix d'intervention sur les marchés de gros à des niveaux très supérieurs à ses coûts marginaux (coûts des moyens de production les plus chers appelés, la théorie économique montre que normalement une entreprise qui « ne manipule pas les prix » vend à prix égal à sont coût marginal) ;

  • elle peut aussi diminuer la quantité à bas coût mise sur le marché (on parle de rétention de capacité), ce qui fait qu’elle augmente ses coûts marginaux et donc ses prix d’intervention sur le marché et, in fine, les prix de marché eux-mêmes.

La première méthode est risquée, car le régulateur surveille qu’EDF fixe ses prix à des niveaux cohérents avec ses coûts marginaux. Même si le travail de contrôle du régulateur peut être complexe pour des raisons techniques (valorisation des « valeurs d’usage » des centrales d’hydrauliques par exemple, valorisation du coût de « défaillance », etc.), il y a de bonnes chances qu’un régulateur puisse repérer de tels comportements.

La seconde méthode est plus subtile : elle consiste à ne pas faire fonctionner certaines centrales peu coûteuses (en gros, les centrales nucléaires, dont le coût variable est moins élevé) et ce même si elles sont physiquement disponibles. Ce faisant, EDF perdrait certes de l’argent d’un côté (du fait qu’elle ne fait pas fonctionner des centrales qu’il serait rentable de faire fonctionner), mais d’un autre côté elle pourrait gagner du fait qu’elle vendrait la production de ses autres centrales à un prix plus élevé.

Elle aurait aussi d’autres avantages à plus long terme : par exemple, des prix de marché plus élevés rendent plus acceptable une hausse des tarifs réglementés et incitera même la Commission Européenne à demander la disparition des tarifs, ce qui correspond clairement à la stratégie d’EDF (voir mon autre billet).

L’histoire a montré que ce genre de manipulation existait. Nuclear Electric (l’ancêtre de British Energy qui vient d’être racheté par EDF) en est un bon exemple (voir ici).

Le fait qu’EDF ait la possibilité théorique de manipuler les prix, ne veut pas dire qu’EDF manipule les prix, évidemment. Cependant, un élément troublant m’a frappé à la lecture du dernier document de référence d’EDF. EDF y écrit que « le coefficient Kp, de 75,3 % en 2008, est à un niveau proche de celui de 2007 (75 ,6 %). C’est la résultante d’un Kd en 2008 de 79,2 %, en retrait de 1 % par rapport à celui de 2007, compensé par la hausse de près de 1 % du Ku (95,1 %) ».

Le lecteur normal de mon blog ne devrait rien comprendre de ce charabia (ceci dit, j'ai de plus en plus de lecteurs à EDF). Je traduis donc : en 2008 la disponibilité physique des centrales nucléaires (Kd) s’est dégradée de 1%, mais en contrepartie les tranches disponibles ont plus produit : leur taux d’utilisation a augmenté de 1%. Au total la production est restée à peu près égale à celle de 2007.

Alors, me direz-vous, quel est le rapport avec mon interrogation initiale ?

Tout simplement ceci : EDF reconnaît donc ici qu’elle dispose en permanence d’une réserve d’utilisation des centrales disponibles, qu’elle ne met sur le marché que si cela lui convient. En 2008 par exemple, son coefficient d’utilisation (Ku) était de 95%, EDF disposait donc de 5% de marge de production non utilisée. Tout cela ressemble bel et bien à de la rétention de capacité.

D’ailleurs, la comparaison des données publiées dans les différents documents de référence d’EDF montre que cette pratique ne date pas d’hier mais depuis au moins 2004-2005 (voir graphique). On montre avec un excellent ajustement statistique que plus les centrales sont physiquement disponibles, moins EDF les utilise.

Tout se passe comme si EDF essayait de compenser une meilleure disponibilité physique de ses centrales nucléaires par une moindre utilisation, c'est-à-dire comme si EDF pratiquait une rétention de capacité.

Ainsi, si en 2008 EDF avait fait fonctionner ses centrales au maximum des capacités techniquement disponibles (ce qui est la pratique courante pour les exploitants nucléaires de part le monde), elle aurait pu produire 2 400 MW en plus.

Or une étude faite par la CRE pour 2007 (l'étude de 2008 n'est pas encore disponible) montre que 500 MW de production en plus aurait baissé les prix de gros d'environ 3,5 €/MWh. En extrapolant, on peut donc estimer que si EDF faisait le choix d'utiliser sa production au maximum, les prix de marché auraient été en 2008 de 17 €/MWh moins élevés. C'est étrange au demeurant : ces 17 €/MWh correspondent presque exactement la hausse de 20% que M Gadonneix demandait en juillet dernier.

Bien sûr ces calculs sont approximatifs (mais ils sont entièrement explicités), mais ils montrent bien un des termes du débat sur la libéralisation du marché énergétique : peut-on ne plus réguler EDF et lui laisser une incitation à faire monter les prix de gros, pour mieux justifier des hausses des tarifs de détail ?

mardi 22 septembre 2009

Pour Nicolas et de Gadonneix

J’enfreins une règle jusque là strictement respectée pour écrire ce court billet depuis mon bureau.
Tout d’abord, je remercie Nicolas d’avoir mentionné mon blog dans son billet de ce jour, c’est très sympa, et je lui promets de nouveaux scoops dans les semaines à venir (bon il y a du travail à faire…).
Par ailleurs, d’après mes renseignements, M. Gadonneix serait bien sur le départ. Deux signes ne tromperaient pas : les broyeuses seraient en marche et des traitres auraient déjà changé de camp. Certains seraient allés à Canossa voir Henri (bon, bref, je m’emmêle les pinceaux, historiquement c’est Henri qui est allé à Canossa).

Sondage de la CRE

La CRE vient de publier un sondage réalisé par l'IFOP dont l'objectif principal est d'évaluer l'intérêt des "compteurs intelligents". Ce sondage est plein d'enseignements ainsi :
- 66% des français pensent qu'EDF dispose d'un monopole sur la production et la fourniture ;
- 57% des français pensent que l'électricité peut se stocker ;
- 68% pensent que l'ouverture des marchés est une bonne chose ;
- 88% n'ont pas l'intention de changer de fournisseur.

Mais le plus frappant et ce sur quoi la CRE insiste le plus est que 83% des français sont favorables à l'installation de compteurs électriques évolués (seuls 17% y sont totalement favorables toutefois). La question est évidemment orientée : qui refuserait qu'on lui installe un équipement "évolué" ? Surtout si on n'a pas expliqué qu'en contrepartie leur facture va augmenter ?

Drôle du français moyen qui pense qu'EDF est un monopole, mais que l'ouverture du marché est une bonne chose, et qui, de toute façon, n'a pas l'intention de changer de fournisseur. Drôle de français moyen dont la CRE affirme qu'il plébiscite un comptage "évolué" dont ils n'a aucune idée concrète, ni du prix, ni des caractéristiques.

lundi 21 septembre 2009

Niveau des stocks hydrauliques


RTE publie toutes les semaines le niveau de remplissage des réservoirs hydrauliques en France. Selon les derniers chiffres, ce niveau serait de 75% (38ème semaine), soit un niveau sensiblement inférieur à celui de 2008 (81%) et de 2007 (78%).
Si on se réfère à des séries plus longues (depuis 1997), le niveau de 2009 apparait cependant normal.
Cependant, les données fournies par RTE ne portent que sur le remplissage en volume d'eau, pas en contenu énergétique (un même volume d'eau n'a pas le même contenu énergétique, selon que la hauteur chute d'eau est plus ou moins importante). La transparence des données a quand même ses limites.

vendredi 18 septembre 2009

Quand EDF veut faire disparaître les tarifs réglementés

Les grandes entreprises ont bien compris que, en matière de régulation, la plupart des questions sont réglées à Bruxelles. Elle y exercent aussi un "lobbying" direct ou indirect, via leur syndicats professionnels.

Cela a pour elles beaucoup d’avantages :
- elles peuvent ainsi dire à Bruxelles des choses qu’elles ne pourraient pas dire à Paris,
- elle peuvent se "cacher" sous l’ombrelle de groupements inconnus du grand public,
- et, last but not least, elles peuvent ainsi influencer plus facilement le réel décideur : la Commission Européenne.

EDF l’a bien compris qui fait un lobbying à Bruxelles pour faire disparaître les tarifs et permettre que les prix de détail une fois déréglementés s’alignent rapidement sur les prix du marché de gros (ce qui se traduirait par une hausse de l’ordre de 20% voire plus, voir mon blog).

Ainsi, dans un document passé inaperçu ici à Paris, Eurelectric (syndicat des électriciens européens dont fait partie EDF, via l’UFE) concluait que "les Etats-Membres doivent abolir la régulation des prix pour assurer que les marchés de détail sont compétitifs et que la formation de ses prix est reliée à celle des marchés de gros" et que "fixer les prix de détail pour l’ensemble des clients résidentiels ou pour une large part des utilisateurs finaux n’est pas conforme à la Directive [...]. Les consommateurs qui sont sur un marché concurrentiel ne devraient pas être autorisés à revenir à des prix régulés". [traduction libre du texte original en anglais]

Le fait qu’EDF se soit cachée derrière l’UFE ne doit cependant tromper personne : Robert Durdilly, son Président, vient d’EDF. Il a succédé à ce poste à Pierre Bart (ancien d’EDF) qui lui même avait pris la succession de Bernard Brun (d’EDF aussi). Philippe Huet, Vice-Président de l’UFE, est un salarié d’EDF, Myriam Berdy autre Vice-Présidente est salariée d’Electricité de Strasbourg, elle même filiale d’EDF. André Antolini (qui fut jusque fin 2005 directeur délégué d’EDF Energies Nouvelles) en est aussi Vice-Président. Et d’ailleurs le représentant de l’UFE dans ce rapport, Michel Matheu, est lui-même salarié d’EDF.

La volonté d’EDF est donc clairement affirmée et assumée à Bruxelles : il n’est plus question que les clients finaux français (pas même les clients résidentiels) puissent bénéficier des prix bas permis par le nucléaire, leurs prix doivent être alignés sur les prix du marché de gros (ce qui correspond en pratique à une hausse de 20% des tarifs de détail et à un prix supérieur au prix allemand, pourtant fixé -je simplifie un peu- au niveau du coût des centrales charbon).
Et si le document date de Novembre 2006, il y a peu de raison de penser que la position d’EDF ait changé : on se rappelle des déclarations de M. Gadonneix en Juillet dernier, qui prônait une hausse de 20% des tarifs, ce qui correspond effectivement à un alignement sur les prix des marchés de gros.

jeudi 17 septembre 2009

Taxes au cube

Le dernier mouvement tarifaire me révèle une subtilité qui m’avait échappée. Jusqu’au 15 août 2009, comme je l’avais indiqué dans un précédent billet, la CTA était « incluse » dans les barèmes d’EDF.
En conséquence, cette CTA était aussi soumise aux taxes locales sur l’électricité.
Et les taxes locales sont elles-mêmes soumises à TVA.

Prenons l’exemple d’un client 6 kVA qui paye 9,15 € de CTA par an.
Sur cette CTA, il payait 88 c€ de taxes locales (en prenant une référence de 12% de taxe sur 80% de la facture).
Sur ces taxes locales sur la CTA, il payait 5 c€ de TVA.

Triple couche de taxes donc, au total, auquel le dernier mouvement tarifaire d’EDF a mis fin.

Voilà qui intéressera Nicolas, l'Hérétique et Disparitus.

Prix du fioul domestique : situation au 11 septembre


D'après les statistiques du ministère, le prix du fioul domestique a très légèrement baissé la semaine dernière : -1% environ. Il était en moyenne de 57,95 c€ contre 58,59 c€ la première semaine de septembre.
Le prix continue d'être relativement bas par rapport au sous-jacent pétrolier.

mardi 15 septembre 2009

Les marchés sont formidables !

Les Echos viennent d'annoncer que Bruxelles aurait avalisé les principes proposés par la Commission Champsaur : EDF serait obligée de mettre à disposition de ses concurrents de l'électricité d'origine nucléaire (en vue d'alimenter des clients finaux français).

Tout le monde semble gagnant dans cette affaire : les clients qui pourront bénéficier, auprès de des fournisseurs alternatifs, de prix plus bas que les tarifs d'EDF (la même électricité, moins chère, comme dit le slogan), Bruxelles qui se satisfait de voir enfin "ouvert" le marché français, EDF dont le cours de bourse vient de faire un bond de 6,72% suite à cette annonce et les fournisseurs alternatifs (l'action Poweo gagne 5,17% sur la même journée).

Cependant, d'après l'article des Echos "papier", EDF pourrait être tenue de vendre cette électricité entre 34 et 40 €/MWh selon le cas. Or, EDF (voir mon billet d'hier) estime que son coût complet de production nucléaire est de 45 €/MWh. EDF perdrait donc entre 5 €/MWh et 9 €/MWh dans le dispositif.

Alors pourquoi les marchés salueraient-ils l'annonce d'une opération déficitaire par une hausse spectaculaire du cours de bourse ?

La raison en est après tout peut-être simple : les marchés, comme l'auteur de ce blog, ne croient pas EDF quand elle déclare que le nucléaire de son parc historique lui coûte 45 €/MWh.

Reste à savoir ce qu'en pensera la CRE qui doit déterminer le prix auquel EDF devra céder son électricité nucléaire. De quoi alimenter de nouveaux billets sur ce blog.

Les 20% de M. Gadonneix


En juillet dernier M. Gadonneix demandait 20% d'augmentation des tarifs d'EDF, avec le succès que l'on sait. Cette demande s'inscrit cependant dans une logique claire : celle de l'abolition à terme des tarifs réglementés, qui devrait permettre de faire monter les prix à hauteur du coût des centrales en construction : l'EPR.

C'est ce que montre clairement le document joint, extrait d'une présentation EDF de juin 2009 intitulée "Women in Power" (power voulant aussi dire électricité, en anglais) disponible ici.

Notons qu'EDF qualifie "d'upside" (soit comme un "plus" éventuel) une hausse des tarifs qui devrait "inciter les opérateurs à investir" (ce qui veut dire en clair que les prix devraient être égaux au prix de l'EPR).

Conséquence paradoxale de ce raisonnement, plus l'EPR sera cher, plus EDF pourra demander à bénéficier de prix élevés pour ses 58 tranches existantes (et largement amorties).

On voit qu'EDF est rudement incitée à minimiser ses coûts. Pas étonnant que l'EPR ait vu ses prix augmenter de plus 50% en quelques années...

lundi 14 septembre 2009

Henri P, Henri G, Pierre G et les autres

L'éventuel remplacement de Pierre Gadonneix continue à alimenter la machine à rumeurs. Après avoir été annoncé comme quasiment nommé à la Présidence d'EDF par Le Point, voici que Henri Proglio n'aurait plus les faveurs de l'Elysée, d'après le Monde.
Cette saga indino-estivale (je veux dire, typique de l'été indien) n'est pas sans rappeler la précédente : la succession de François Roussely à l'été 2004.
Si ça se trouve, un "outsider" sortira au dernier moment pour rafler la mise. "La mise", les choses sont vites dites, car les aventures nucléaires de M. Gadonneix ont coûté très cher à l'entreprise publique.

dimanche 13 septembre 2009

Prix du fioul domestique et cours du pétrole (suite)



Le graphique ci dessus montrent l'évolution des prix du brent (en €/bl) et du fioul domestique (hors taxes, pour une livraison de moins de 4000 l) selon une périodicité hebdomadaire.
Par ailleurs, j'ai estimé l'écart entre les prix observés du fioul et ce qui résulterait d'une indexation directe sur le Brent (indexation que j'ai estimée statistiquement).
Ce graphique confirme la conclusion de mon billet précédent : les prix du fioul semblaient, début septembre, relativement bas par rapport aux prix du Brent. Sauf à parier sur une baisse des prix du Brent, il semble donc prudent de faire des réserves de fioul maintenant.

Prix du fioul domestique et cours du pétrole


Les dernières données du ministère ayant été publiée, et en préparation de l'hiver qui s'annonce, j'ai mis à jour mon analyse de la corrélation entre les prix du pétrole (brent en €/bl) et les prix du fioul domestique (hors toutes taxes).
La corrélation est indéniable, et ayant mis en rouge le point correspondant au dernier mois connu (août 2009), il semble même que les prix du fioul étaient, ce mois là, légèrement plus bas qu'attendu. Il semblait donc temps de faire ses emplettes pétrolières en prévision de l'hiver et de la taxe carbone.

samedi 12 septembre 2009

TVA sur la taxe carbone

Comme la CTA, la CSPE, la TIPP et autres, la nouvelle "taxe carbone" sera soumise à TVA au taux de 19,6%. Et une nouvelle taxe sur les taxes !

Voilà qui intéressera Nicolas, l'Hérétique et Disparitus.

vendredi 11 septembre 2009

Taxe carbone : il est anormal d'exonérer l'électricité


Le président Sarkozy a décidé d'instaurer ce qui est quand même une nouvelle taxe : la taxe carbone. Cette taxe pose de nombreuses questions politiques, et en particulier sur les systèmes de compensation en faveur des ménages les plus vulnérables, questions dont je ne débattrai pas ici.

Il me semble que cette nouvelle taxe est aussi entachée d'un grave pêché originel : avoir exclu l'électricité du dispositif.

En effet, la recherche de l'efficacité économique, écologique, environnementale et énergétique (je retrouve mes 4E) veut que l'on signale aux consommateurs le coût qu'engendre pour la collectivité leurs choix de consommation. C'est aussi simple que cela.

Or que se passe-t-il quand on branche un radiateur électrique, ou une ampoule, on qu'on fait fraîchir sa bière au frigo ? Quel coût cela engendre-t-il pour la collectivité ? Fait-on fonctionner plus une centrale nucléaire, une centrale hydraulique, une centrale charbon, une centrale fioul ? Là est toute la question.

Les économistes savent, et les électriciens aussi depuis les travaux de M. Marcel Boiteux, que le "bon signal" à envoyer est celui qui correspond à la production "marginale", c'est à dire au moyen de production qui modulera sa consommation afin de satisfaire la demande supplémentaire que vous engendrerez. Or, la centrale que l'on choisit de faire moduler est nécessairement la centrale la plus coûteuse (car pour minimiser les coûts, les centrales moins coûteuses sont déjà exploitées à leur pleine capacité).

C'est ce qu'on appelle dans le jargon le "merit order" : on satisfait la demande totale en utilisant prioritairement les centrales les moins chères (typiquement nucléaire ou hydraulique "au fil de l'eau") jusqu'aux plus chères (typiquement les centrales au fioul). Et une variation de demande fait moduler la centrale la plus chère que l'on appelle la "centrale marginale".

Or, contrairement à ce qu'on pourrait penser vu le tapage qu'EDF fait le nucléaire, la centrale marginale en France est la plupart du temps une centrale charbon voire une centrale au fioul.
J'ai joint le graphique qui montre, pour la journée du 9 septembre (dernière date connue sur le site de RTE) le profit de production : on y voit très nettement que les centrales charbon sont toujours en fonctionnement.

Les données RTE montrent ainsi que sur les 12 derniers mois, les centrales charbon ou fioul étaient marginales 80% du temps (plus précisément, produisaient plus de 1000 MW pendant 80% du temps), ce taux atteignant 87% pendant l'hiver.

Or les émissions de CO2 des centrales charbons ou fioul sont très importantes, surtout si on fait un bilan comparé entre chauffage électrique et chauffage au gaz. Et ce pour trois raisons :
- le charbon comme le fioul ont un contenu intrinsèque en carbone plus important que le méthane (gaz naturel) ;
- la production électrique est un processus qui a un faible rendement (de l'ordre au mieux de 35 à 40% pour les centrales existantes), le reste de l'énergie étant dissipé dans la nature (d'où les panaches de vapeur en sortie des tours aéro-réfrigérantes) ;
- le transport et la distribution d'électricité engendrent des pertes par effet Joule (de l'ordre de 5 à 10%).

Au total, il est écologiquement et économiquement nettement plus efficace de brûler 1 kWh de gaz dans une chaudière domestique que de brûler 3 kWh de charbon dans une centrale thermique afin de livrer 1 kWh électrique chez le client.

Il est donc impératif de taxer aussi l'électricité si on veut garder une quelconque cohérence et une efficacité au dispositif. Et à tout prendre, il vaut mieux ne taxer ni le gaz ni l'électricité plutôt que de taxer le gaz seulement : cela éviterait que les consommateurs ne choisissent de s'équiper en chauffage électrique pour éviter d'avoir à payer la taxe sur le gaz.

Mais rassurons nous, les hausses de prix annoncées par M. Gadonneix (+20%) correspondent à une taxe non dite des français. La différence est que cette taxe va aux actionnaires d'EDF, et non pour des projets en faveur des économies d'énergie ; et que les hausses concoctées par M. Gadonneix semblent avoir été adoucies pour les clients "gaspi" (voir un autre de mes billets).

(NB : pour ceux qui se poseront des questions sur le rôle de l'hydraulique, je rappelle que la production hydraulique est une ressource énergétique fixe : on ne peut sur une année produire plus qu'il ne tombe d'eau dans les réservoirs. En conséquence, l'hydraulique ne fournit pas, in fine, de l'énergie en modulation).

jeudi 10 septembre 2009

Claude Allègre et la taxe CO2

En écoutant Claude Allègre hier à la radio, j'ai eu la surprise d'être d'accord avec lui. Une taxe CO2 n'a de sens que si elle est mise en oeuvre au niveau mondial. Je rappelle juste quelques ordres de grandeur :
- la France émet environ 400 Mt de CO2 par an ;
- la Chine émet (plus précisément émettait en 2007) environ 6 600 MtCO2 ;
- les émissions de la Chine augmentent de plus de 450 Mt de CO2 par an.

Au total, si la France diminue ses émissions de 10% (ce qui est déjà énorme, quoique très insuffisant sur le long terme), elle économise peu ou prou annuellement l'équivalent de 1 mois de croissance chinoise.

Parfois même, en essayant d'éviter de produire du CO2 en France, on pousse les entreprises à délocaliser et à produire le CO2 ailleurs. On n'a alors en rien réduit les émissions de CO2 (voire on peut les accroître si on délocalise les industries dans les pays peu efficaces en matière de CO2) et on a perdu les emplois en France. Pire, s'il faut transporter les biens pour les importer, les bateaux consomment du fioul et émettent du CO2 en plus.

Ca ne veut pas dire qu'il faut rien faire, mais il ne faut non plus pas être trop angéliques. Une des possibilités est évidemment de taxer les importations depuis les pays ne mettant pas en place une taxe CO2. Dommage que le rapport Rocard, qui évoque assez brièvement cette question, soit si peu conclusif sur ce sujet.

mercredi 9 septembre 2009

Quelques éléments sur les bases légales de la CTA

Le dispositif général est prévu par la loi n°2004-803 du 9 août 2004 relative au service public de l'électricité et du gaz et aux entreprises électriques et gazières. Cette loi, dans son article 18 prévoit que la mise en place d'une "contribution tarifaire" au titre des droits spécifiques passés des agents IEG des activités régulées.

Au II-1°-c), il est prévu que, pour les clients restés aux tarifs réglementés d'EDF, la CTA soit perçu "en addition des tarifs de vente". Il était donc bien prévu, dès la loi du 9 août 2004, que la CTA soit "sortie" du tarif c'est à dire payée séparément des tarifs.

Le décret 2005-123 (décret en Conseil d'Etat) pris en application de l'article 18 de la loi prévoyait, en son article 4, une période transitoire d'application. La CTA pouvait être perçue "dans les tarifs" (c'est à dire payée directement par les fournisseurs, en l'occurrence EDF ou les ELDs) dans l'attente "de l'entrée en vigueur de nouvelles dispositions modifiant la structure du tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité ou du tarif de vente de l'électricité mentionnés par cet article et visant à prendre en compte, dans chaque cas, les conséquences de la création de la contribution tarifaire." Apparemment, c'est ce qui s'est passé le 15 août dernier.

Voilà, c'est très technique, mais cela répond aux questions de Nicolas, l'Hérétique et Disparitus.

Notons que, d'un point de vue fiscal, la CTA est considérée comme un "imposition de toute nature", elle est soumise à TVA (au taux de 5,5%).

Une taxe qui pèse sur des impôts, en somme.

mardi 8 septembre 2009

Calcul CTA

De nombreux lecteurs se demandent à quoi correspond la Contribution Tarifaire d'Acheminement (ou CTA) qui apparaît désormais sur leur facture.
La CTA sert à financer les droits à retraite des agents des IEG. Il s'agit plus précisément des "droits spécifiques passés des activités régulées".
  • "Spécifiques", car il s'agit des droits spécifiques du régime des IEG (en ce qu'ils vont au delà du régime "général") ;
  • "Passés", car il s'agit des droits acquis à la date d'entrée en vigueur de la loi du 9 août 2004 ; les droits acquis par la suite sont financés directement par les entreprises qui doivent d'ailleurs provisionner les charges afférentes ;
  • "Des activités régulées", car la CTA ne couvre que les agents de la distribution et du transport.
Pour ce qui est de l'électricité, le montant de la CTA est de 21% de la part fixe du TURPE (tarif d'utilisation du réseau public d'électricité). Le TURPE est la composante "réseau du tarif" est n'est pas payé directement par le client (en tous cas, pour les clients domestiques) mais par son fournisseur : EDF, Direct Energie, Poweo, Gaz de France...
Dernier point, et non des moindres, jusqu'au dernier changement de tarif du 15 août, la CTA était directement payée par EDF pour les clients restés au tarif. Depuis le 15 août, elle est payée directement par le client (EDF se contentant de la "percevoir"). Elle apparaît donc désormais de manière séparée sur la facture. Ce changement est donc en soi sans impact pour le client (qui paye, in fine, la même chose). Cependant le fait qu'EDF ait choisi de "sortir la CTA" en même temps qu'elle décidait d'augmenter le niveau général des prix peut prêter à confusion.
EDF est sur ce point plus maladroite que mal intentionnée.

dimanche 6 septembre 2009

Quand EDF favorise les ménages Gaspi


Dès le 14 août, j’avais annoncé en primeur sur mon blog le grand chamboule-tout des tarifs d’EDF. Même si EDF a cherché à minimiser sa portée puis à faire porter la responsabilité sur le Gouvernement, il n’y a que peu de doutes que, sur un sujet si technique que la structure des tarifs de vente, l’entreprise publique a eu plus que son mot à dire (je vois mal l’Administration dire à EDF : « Eh, dites-donc, vous devriez monter l’abonnement du 3 kVA base, et puis il faudrait distinguer les prix des bleus professionnels en trois sous-catégories » !).

Les débats semblent maintenant quelque peu étouffés par la question de la taxe carbone (pardon, de la contribution climat énergie), il me semble cependant intéressant de montrer ici que les choix tarifaires d’EDF vont à l’opposé des objectifs du Grenelle de l’environnement.

Dans un
document publié par l’Ademe et la Fondation Nicolas Hulot (dont EDF est par ailleurs « partenaire fondateur »), on présente, page 18, les exemples concrets de deux familles. La famille « gaspi » consomme 10 855 kWh d’électricité par an et est équipée de chauffage électrique, la famille « économe » consomme 1 369 kWh par an. Compte-tenu de leurs équipements, ces ménages relèvent normalement d’un contrat « base 6 kW » pour le ménage « économe » et « Heures Pleines / Heures Creuses de 12 kW » pour le ménage « gaspi ».

Or, la comparaison montre qu’alors que le ménage « économe » subira une hausse de 5,0%, le ménage « gaspi » subira une hausse presque dix fois moins importante, de 0,6%. Plus étonnant encore, la hausse « absolue », en €/an, est plus importante pour le ménage « économe » que pour le ménage « gaspi » .

Qu’en penserait la Fondation Nicolas Hulot ?

samedi 5 septembre 2009

Evolution des tarifs EJP



J'ai pu récupérer un historique des tarifs EJP depuis 1999 (il s'agit des prix hors taxes). Il confirme le caractère quelque peu aberrant des dernières évolutions : les prix de heures de "pointe mobile" (les 18 jours rouge) baissent de 17% alors que les prix des heures normales (soit 95% de l'année) augmentent de 10%.

Ce mouvement est certes financièrement largement gagnant pour EDF. Mais il est surprenant de désinciter les clients EJP à s'effacer pendant les jours rouges alors que les périodes de pointe sont de plus en plus tendues.

A moins évidemment qu'EDF ne considère de son intérêt de faire monter les prix au moment des pointes.

vendredi 4 septembre 2009

Areva joue en bourse les provisions du nucléaire et perd 791 millions

Tout comme EDF, Areva est tenue de provisionner les charges futures liées au nucléaire. Plus que cela, elle est tenue de « sanctuariser » les sommes correspondantes dans des fonds spécifiques (de manière à éviter qu’elle ne puise dans le coffre, comme en son temps Robert Maxwell, avec les fonds de pension de ses sociétés).

Or, le document de référence 2008 publié par Areva, montre que ces fonds (que l’on appelle « portefeuille dédié ») ont perdu 791 millions d’euros en 2008 : de 2 755 M€ fin 2007, ils ont fondu à 1 964 M€ fin 2008 (voir extrait de la page 290 du document). Evidemment, cela est du à la crise boursière, les deux tiers du portefeuille dédié ayant été placés en actions ou en FCP. Mais, comme pour EDF, le fait qu’Areva ait placé une bonne partie de ces sommes en actions pose question.

En effet, sur le long terme (mais qu’est-ce que le long terme ?), les actions offrent en théorie un meilleur rendement que des placements moins risqués en capital (comme des obligations, par exemple) ; il est donc tentant de placer les fonds en actions plus qu’en obligations.

Mais par ailleurs, le montant à provisionner (et donc à mettre sur ces fonds) est calculé en considérant qu’Areva les placerait … en obligations (voir page 265 du même document de référence). Sans entrer dans les détails techniques, tout se passe comme si Areva empruntait à un taux bas de type obligataire et décidait de placer en actions pour rembourser sa dette. Cela ne serait pas prudent. Même habillé sous de jolis termes techniques comme « gestion d’actifs », ce serait de la pure spéculation.

Areva ne se cache d’ailleurs pas de ses intentions, qui indique, en page 37 de son document de référence que « le risque sur actions du portefeuille dédié aux opérations fin de cycle fait partie intégrante de la gestion d’actifs qui, dans le cadre du choix d’allocation actions / obligations, utilise les actions pour apporter un supplément de rendement à long terme » (gras ajouté).

Le problème est qu’il s’agit d’un supplément largement négatif pour 2008. Areva étant une entreprise publique, on est cependant assuré que cette perte sera compensée par ailleurs.

Nous voilà rassurés.

On a même une idée de qui paiera la note, in fine.

Nous.

jeudi 3 septembre 2009

Audience du blog

Ces jours derniers, de nombreux bloggeurs dont mon bon Disparitus et le bloggeur dont je ne partage pas tous les avis, Nicolas, ont décidé de publier leurs taux de fréquentation.
J'utilise pour ce qui me concerne StatCounter, qui recense 1759 visiteurs uniques en août et 3716 pages lues. Pour l'essentiel, ce score a été réalisé sur la seconde quinzaine d'août avec une pointe à 200 visiteurs uniques sur une seule journée.
A fait, doit-on écrire bloggeur ou blogueur ?

mercredi 2 septembre 2009

Le Japon veut créer une centrale spatiale

Le gouvernement japonais vient de présenter un projet de centrale solaire spatiale. Elle serait de belle taille : 1 GW de puissance (soit l'équivalent d'une "tranche" nucléaire), et les panneaux solaires feraient 4 km2.
L'avantage est évidemment que cette centrale ne dépendrait pas de la météo (et l'énergie reçue serait plus élevée). L'inconvénient est évidemment le coût (21 milliards de dollars, sur le papier) et puis la technologie pour ramener l'énergie sur terre est plus qu'incertaine (on parle de faisceau à micro-ondes... mieux vaudra ne pas passer à travers...).
Le projet devrait être mis en service en 2030.

mardi 1 septembre 2009

Bénéfice d'Areva en chute de 79%

Le bénéfice d'Areva est en chute de 79%, du fait principalement aux problèmes de l'EPR en Finlande. Le chantier a pris 3 ans de retard.
Les centrales nucléaires sont très chères en investissement (mais peu coûteuses en exploitation), et tout retard sur un chantier de l'ordre de 3 milliards d'euros se traduit par des frais financiers considérables (de l'ordre de 300 millions par an, si on retient un coût moyen pondéré du capital de 10%).