lundi 23 novembre 2009

Enquête de la CRE sur le pic de prix du 19 octobre

Après une interruption d'une semaine, je reprends le clavier pour discuter la dernière communication de la CRE sur le pic de prix du 19 octobre. Pour l'essentiel, la CRE confirme ce que j'indiquais dans mon billet : cette situation résulte à la fois de problèmes d'organisation du marché de gros Powernext et d'une situation tendue sur l'équilibre offre-demande.

Le communiqué indique aussi que suite à "un problème informatique", EDF n'a pas pu faire connaître dès samedi, via le site de l'UFE, que la disponibilité de son parc se dégradait (le pic de prix a eu lieu lundi 19 mais résultait des offres faites par les intervenants sur le marchés jusqu'à la date de dimanche). Il semble EDF ait en effet anticipé ces difficultés puisqu'elle a pris "dès le vendredi, puis le dimanche matin [..] des décisions opérationnelles [qui intégraient] l'information qui était disponible [publiquement] mais également sur la base de la vision interne relative à la disponibilité et aux arrêts fortuits affectant le parc de production".

Bref, EDF semblait savoir que la situation serait tendue mais se serait gardée de le faire savoir, laissant ses concurrents imprudents et mal informés face à un risque de devoir payer des prix astronomiques.

Fait troublant, la CRE ne déclare pas avoir enquêté sur les stratégies d'offres des différents acteurs sur le marché. Il apparaît en effet que, au moment de la fixation des prix soit le dimanche matin, la demande prévisionnelle était de 68,9 GW pour une disponibilité prévisionnelle de 73,7 GW. Le système était certes tendu mais, même compte-tenu d'une réserve "RTE" de 3,7 GW, les capacités de production excédaient la demande à hauteur de 1,1 GW. Il est quand même surprenant que ces capacités excédentaires n'aient pas été mises sur le marché, qui était au contraire sous alimenté par les producteurs, occasionnant le pic de prix du 19 octobre.



3 commentaires:

Malte a dit…

vous écrivez que : "EDF semblait savoir que la situation serait tendue mais se serait gardée de le faire savoir, laissant ses concurrents (...) face à un risque de devoir payer des prix astronomiques."

N'est-ce pas plutôt le contraire ?

De mémoire la CRE a précisé que dans le cadre de sa politique de risque, EDF est allé acheter de l'énergie sur le marché de gros dès la perte de ses unités.

Si EDF avait claironné que la situation risquait d'être tendue, n'aurait-elle pas invité les intervenants du marché à lui faire payer très chers les contrats de livraison pour le lundi dont elle avait besoin ?

En effet, en situation tendue, tous les participants au marché, même les plus petits, disposent d'un pouvoir de marché considérable.

Plus généralement, pour l'événement des 3000 euros, il paraît souhaitable de ne pas se limiter à regarder Epex J-1 sans regarder comment les choses se sont déroulées à l'OTC et en intraday.

4E a dit…

@Malte,

vaste question et bon argument que vous soulevez là : était-il raisonnable, et jusqu'à quel point d'informer les concurrents ? Je ne sais pas, mais je constate qu'une "panne informatique" a aidé EDF à ne pas divulguer de l'information q'elle s'était normalement engagée à donner.

Je suis d'accord avec vous qu'il faut regarder l'OTC (mais aucune donnée publique, il me semble). Les prix considérés étant fixés avant l'intraday, cette donnée à moins d'intérêt il me semble.

Malte a dit…

bonjour, j'ai bien tardé à vous répondre. je voulais juste dire que l'intérêt de l'intraday c'est d'observer ex post (comme vous le faites remarquez) que la situation proche du temps réel fut loin d'être aussi tendue que les prix de la veille ne le montraient.