mercredi 13 mai 2009

Quand EDF joue en bourse avec l'argent du démantèlement des centrales nucléaires

Un paragraphe du dernier "Document de Référence" d'EDF semble être passé inaperçu, il indique en termes très technocratiques que
"Pour sécuriser le financement des obligations de long terme, dans le cadre de l’ouverture progressive des marchés de l’électricité, EDF a mis en place progressivement un portefeuille d’actifs financiers réservés au financement des engagements nucléaires de long terme, et plus précisément à la déconstruction des centrales actuellement en activité et à la gestion à long terme des déchets radioactifs.
[...]
À fin décembre 2008, la juste valeur de ce portefeuille s’élève à 8 658 millions d’euros (8 604 millions d’euros à fin décembre 2007). Il intègre (1 206) millions d’euros de pertes latentes nettes liées au contexte de crise des marchés financiers enregistrées en capitaux propres."

En termes clairs : EDF a perdu 1 206 millions dans ses placements financiers
"réservés [...] à la déconstruction des centrales nucléaire". Cela, du fait de la baisse des marchés financiers en actions. Excusez du peu.

Certes, les textes réglementaires permettent parfaitement qu'EDF place "en bourse" les montants correspondants aux charges futures de démantèlement. Mais cela est particulièrement imprudent s'il les place sous forme d'actions, ce qu'il a fait pour environ la moitié des montants. En effet, les montants à placer dans les actifs dédiés sont évalués sur la base d'un placement "de père de famille" dans des obligations d'entreprises ayant une bonne signature (classées de A à AA) : ces montants sont calculés de manière que, placés sur ce type de produits, les actifs permettent, à la date du démantèlement, d'avoir les fonds nécessaires. Il est donc assez surprenant qu'EDF ait choisi de placer une bonne partie de ces sommes sur des placements en actions qui sont nettement plus risqués.

Surprenant, imprudent, et perdant.

Plus surprenant encore, du fait de la crise sur les marchés financiers, EDF a décidé d'arrêter de placer des sommes sur les actifs dédiés. L'entreprise n'aura placé que 1 800 millions en 2008 contre 2 700 millions prévus. C'est surprenant : la raison aurait voulu qu'EDF sécurisât ses placements (en les transférant sur des obligations, par exemple) mais surtout pas qu'il arrêtât d'épargner.

Mais il avait sans doute un besoin urgent d'argent frais pour ses aventures nucléaires anglo-saxonnes.

6 commentaires:

Le Blog Blagueur a dit…

C'est tout simplement dingue de jouer avec le feu comme cela.

Anonyme a dit…

Seul dans ce champ de fleurs vénéneuses,
je regarde le ciel,
le couteau brille,
le sang dégouline,
je suis devenu énergie,
merci à toi, chère centrale

Anonyme a dit…

Alone on the tricastin
Staring at the sea
Staring at the sky
I'm hot, warm
..
killing this centrale

Le singe du Tricastin a dit…

Le libéralisme boursicoteur d'une entreprise publique : la dernière fois cela s'appelait le Crédit Lyonnais.

jfbobi a dit…

A votre avis, qui c'est qui va payer très cher pour le démantèlement des centrales en fin de vie si EDF a tout bouffé en boursicotant?
Les actionnaires ou les contribuables?
A moins qu'on les fasse tourner encore un peu au delà des limites de sécurité... comme une vieille bagnole qu'on rafistole en se disant qu'elle va bien faire encore 20000km le temps d'économiser pour une nouvelle... et BOUM!

Jess a dit…

Et bien c'est consternant ... Qui va paye rencore une fois de plus..