mardi 26 juin 2007

Suez / Gaz de France et la sécurité d’approvisionnement


A l’heure où les négociations vont bon train sur l’avenir de nos champions énergétiques, je me suis intéressé à l’apport d’une fusion de Gaz de France et de Suez à la sécurité d’approvisionnement sous un triple aspect : sécurisation des ressources en amont, apport en terme de stockage, apport des capacités de transport de gaz naturel liquéfié. Contrairement à ce qui est couramment affirmé par les opérateurs, l’opération envisagée n’aura pas d’effet positif en matière de sécurité d’approvisionnement, et l’on peut même craindre qu’elle n’ait des effets négatifs.

L’opération ne permet pas de sécuriser les ressources en amont
Suez et GDF sont tous deux sont fondamentalement acheteurs de gaz sur le marché européen (GDF à hauteur de 65 Gm3 et Suez à hauteur de 20 Gm3 en Europe et de 40 Gm3 sur le monde entier) et leur fusion ne permet donc pas, en tant que telle, de sécuriser des ressources à l’amont. Certes cette opération bénéficie marginalement à Suez qui n’a contrairement à GDF aucune activité en amont (et puis acheter 85 Gm3 au lieu de 20 Gm3, ça peut faire gagner un peu de pouvoir de négociation), mais quel est le bénéfice pour la France de voir diluer dans un groupe Franco-Belge les trop maigres ressources en amont de GDF ?

L’opération dilue l’avantage Français en terme de stockage gazier
Il en va de même pour les stockages, la France dispose en effet de capacités de stockages importantes, de l’ordre de 90 jours de la consommation nationale. Ces capacités de stockages ont évidemment une importance stratégique pour nous. La Belgique au contraire dispose de stockages très limités (de l’ordre de 13 jours de la consommation belge), Suez Gaz de France pourront faire des synergies qui reviendront à utiliser les capacités de stockage disponibles en France pour optimiser les positions en Belgique, on comprend en revanche difficilement comment cela peut favoriser la sécurité énergétique en France.

L’optimisation par Suez-GDF de leurs positions en GNL et sécurité d’approvisionnement
Enfin, les derniers gains affichés sont liés à l’optimisation des transactions sur le marché du GNL (Gaz Naturel Liquéfié). Les experts savent qu’il s’agit là « d’optimiser » les arbitrages entre les marchés européens et américains, notamment du fait que Suez, deuxième importateur de GNL aux Etats-Unis, y dispose d’infrastructures importantes (usine de regazéification). Là non plus, on ne comprend pas l’intérêt en matière de sécurité énergétique, quant on sait de plus que Gaz de France écrivait très récemment à la Commission Européenne que «l’arbitrage trans-atlantique qui présente par ailleurs des opportunités d’optimisation intéressantes, pourrait constituer une menace immédiate sur la sécurité d’approvisionnement européenne».

vendredi 22 juin 2007

EDF : une valeur pétrole



Pendant quelques minutes ce matin, EDF a supplanté TOTAL en tant que plus grande capitalisation boursière de la place de Paris. A près de 80 €, l'action d'EDF avait multiplié sa valeur par plus de 2,5 depuis son introduction en Bourse.


Depuis Janvier, la valeur d'EDF a ainsi augmenté de plus de 35 milliards d'Euros, soit près de 3 points de TVA pour prendre une référence à la mode. Et on ne doit pas chercher l'explication dans une quelconque envolée des prix de l'électricité, qui se situent à un niveau relativement stables depuis le début de l'année. Non, la meilleure explication tient... aux cours du pétrole qui ont augmenté de plus de 20% (en $).


Les marchés, devant les craintes sur les marchés pétroliers, valorisent de plus en plus les valeurs "nucléaires" comme EDF, surtout quand ces entreprises sortent de leurs cartons des projets de nouvelles centrales. Les marchés croient tellement au nucléaire, qu'ils en viennent à préférer EDF à TOTAL quand les prix du pétrole flambent. Ce n'est pas le moindre des paradoxes.

lundi 11 juin 2007

Pourquoi ce blog ?

Voilà, je viens de créer ce blog dont les quatre sujets de discussion, ô combien intriqués, sont l'économie, l'écologie, l'énergie et l'environnement.
Je suis économiste, ai travaillé pendant de longues années dans le secteur énergétique, et veux simplement dans ce blog livrer quelques réflexions sur des sujets dont j'ai l'impression qu'ils sont souvent mal compris (notamment par les deux candidats finalistes de la Présidentielle, qui ont montré une rare incompétence dans ce domaine lors de leur débat).